Sous la forme d’un journal qui égrène des dates significatives et suffisamment symboliques à son goût, Cécile Vargaftig revient sur son histoire familiale et le fameux voyage d’André Gide en URSS en juin 1936. Et il y a une puissance d’échos entre les deux. Son père, le poète Bernard Vargaftig, introduit par Aragon dans le «monde fermé de la poésie française des années 60» a été communiste pendant trente ans, et c’est son internement à la fin de sa vie qui a suscité ce projet d’enquête. Comment a-t-il pu être aussi fou pour continuer à s’accrocher à cette utopie ? L’autrice a voulu refaire le cheminement qui mène au clairvoyant Retour de l’URSS de Gide, les années qui le précèdent jusqu’au périple d’une délégation de communistes français à Moscou.
Grâce aux écrits différents de ses membres, elle suit en particulier l’écrivain Pierre Herbart et sa Ligne de force, mais aussi Louis Guilloux, Eugène Dabit, Jacques Schiffrin, Jef Last et surtout André Gide qui prononcera un discours aux funérailles de Maxime Gorki sur la place Rouge. Le livre s’appuie sur les événements et l’atmosphère de l’époque, sur les journaux et textes des protagonistes, sur des éléments de leur vie, qu’elle entrecroise avec ses propres souvenirs et la relation avec son père. Cette reconstitution très personnelle, à l’esprit intrépide, parle aussi beaucoup de littérature. «C’est dans les interstices de la vérité que naît la fiction.»
En URSS avec Gide. Mon journal, Cécile Vargaftig, Arthaud, 254 pp., 19,90 €.
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