Les grands cols. C’est le thème choisi par la revue trimestrielle l’Alpe, qui balaie dans son numéro d’été nombre de ces lieux mythiques. Ainsi de l’écrivain Paul Fournel qui détaille ses montées à l’Izoard, ce «col star pour tous les cyclistes du monde». Avec sa montée d’approche rassurante, «il y faisait frais et la pente n’était pas trop dure». Mais cela ne dura pas. «Je pédalais tranquille en constatant que tout allait bien, lorsque brutalement, j’ai vu mon guidon remonter vers mon nez et mes jambes s’alourdir. […] Affronter brutalement une pente de 10% invisible est une expérience étrange que seul l’Izoard vous réserve.»
Après le cycliste, l’aubergiste. Le restaurateur Marzio Eusebio a repris plusieurs affaires au col du Gothard, qui est pour lui, «bien plus qu’un gagne-pain». «Il appartient à son histoire familiale. […] Les yeux de Marzio brillent quand il ouvre les volets d’une des chambres de l’hôtel et que la lumière tombe sur les peintures du plafond du XIXe siècle. Quand il se rend dans l’hospice, vieux de huit cents ans, où Pétrarque et Goethe ont dormi. Ou dans le bâtiment voisin, qui faisait office autrefois de poste de douane, d’écurie et d’auberge.» On aura droit à plein d’autres histoires, comme celle de la guerre des crêtes qui s’y déroula à l’automne 1944, ou encore des «déneigeurs de l’extrême» qui y croisent ces «paysages flottants, où prédominent le blanc et le bleu de la lumière et de la neige». La montagne froide et inaccessible, une lecture idéale à l’heure où l’été bat son plein.
L’Alpe, numéro 93, juin-août 2021.
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