Les femmes sont à l’honneur dans ce recueil de nouvelles. Les autrices comme les héroïnes. Et, à travers elles, la Martinique que chacune (et chacun) célèbre à sa façon. Dans Zwèl, Viktor Lazlo croque le portrait d’Etiennise, fort caractère. «Peu farouche, Etiennise ne craignait ni Dieu ni le diable. Petite, les histoires de chouwal twapat et de fromajé la faisaient se plier de rire. Elle se disait que les rendez-vous amoureux qu’elle donnait à son amant sous le regard du seigneur depuis plus de deux ans suffiraient à sa damnation éternelle et que rien de pire ne pourrait l’attendre, qu’elle ouvrît ou non sa porte à l’inconnu.» Mais Etiennise est faible quand Eugène pose son regard sur elle. De cet homme vont lui naître deux fils en l’espace de trois ans : Frantz l’adoré et Germain l’ignoré. La vie, et surtout la mort, vont se charger de rapprocher Etiennise de Germain.
Avec la Belle et le Pitt, Marijosé Alie-Monthieux nous raconte le destin de Julius et Emilia, un couple qui s’aime mais que les combats de coqs vont séparer. Ces combats sont la passion de Julius, il y consacre tout son temps et délaisse Emilia. Pourtant il vit dans la hantise de leur séparation. «Elle va me quitter, elle va me quitter», ressasse-t-il. Gaël Octavia, elle, nous livre un texte tout en poésie sur Le dernier piqué de la tourterelle à queue carrée. «Elle se souvient du parfum typique de la mangrove, de la mélodie du vent dans les palétuviers, du clapotis de la mer toute proche.» Suzanne Dracius nous fait rire avec le Marathon du macho, le martyrologue du major et le calvaire du coqueur.
Nouvelles de Martinique, Magellan & Cie, 154 pp., 12 €
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