Le 12 juillet, en partenariat avec le Festival d’Avignon et Avignon Université, l’Afdas organisera le premier Forum de l’inclusion économique dans la culture et les industries créatives. Libération, partenaire de l’événement, publiera sur son site tribunes, reportages et enquêtes sur le sujet.
Le spectacle vivant est un lieu essentiel où le public peut «faire société» pendant et après le temps de la représentation et où une communauté de spectateurs se crée à chaque lever de rideau. Le théâtre est né dans le même berceau que la démocratie athénienne. Il était alors un lieu d’écho des débats entre les citoyens. Mais déjà, l’ensemble des habitants de la cité n’y étaient pas inclus : femmes, étrangers et esclaves (soit la majorité de la population) ne disposaient pas de ces droits.
Sans remettre en cause ces piliers fondamentaux des valeurs portées par le spectacle vivant – et particulièrement le secteur public – il est plus que temps d’évaluer nos modes de fonctionnement afin d’analyser si le spectacle joue encore son rôle politique fondateur et afin d’être force de proposition en la matière. C’est à la fois une question démocratique mais également un enjeu pour l’avenir du théâtre, si l’on ne veut pas qu’il vieillisse avec son public.
Forum de l'inclusion économique
Renforcer davantage les moyens pour l’éducation artistique et les politiques d’élargissement des publics pourrait être des premières pistes de réflexion. Mais cela doit se penser dans le cadre d’une politique culturelle ambitieuse, à l’heure où les aides et subventions culturelles sont fragilisées, voire menacées sur certains territoires. D’autres leviers pourraient également être réfléchis, comme l’inclusion des publics dans la construction des programmations artistiques. Il ne s’agit pas d’une mesure «populiste» consistant à élaborer les programmations selon les goûts des publics. Il s’agit bien d’une mesure qui permette aux professionnels de «coconstruire» le service public de la culture avec les bénéficiaires. Il s’agit aussi de ne plus penser à la place des publics mais bien de créer un récit commun avec eux. Cela aurait à tout le moins le mérite de sortir certaines programmations de l’entre-soi et de la reconnaissance entre pairs.
Défi de l’inclusion
Gagner l’inclusion et lutter contre ce que Bourdieu appelait la «distinction» et la «reproduction» est un véritable enjeu pour la démocratie culturelle. Cela implique aussi que les plateaux donnent à voir la diversité des populations, des corps, des genres ou des origines. L’effacement de la représentation sur scène d’une partie de la population est insupportable. Tout autant que le sont les stéréotypes de classes ou de genres, visant à ne montrer à des catégories de publics que ce qu’ils ont l’habitude de voir. La rencontre entre les publics, avec les publics doit se faire autour de la représentation du monde et des populations tels qu’ils le sont réellement.
Cessons de nous réfugier derrière les questions de «talent». Le défi de l’inclusion se pose à toutes les échelles de notre secteur d’activité et pose une réelle question démocratique. Construisons le monde du spectacle de demain, plus ouvert, plus inclusif, qui parle davantage de et à l’ensemble de la population. Les organisations syndicales ont un rôle à jouer, et les organismes paritaires dans lesquelles elles siègent peuvent être des outils utiles et efficaces pour faire avancer le sujet.