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Une saison en hiver

Tofaille sur les cimes vosgiennes

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Une saison à la montagnedossier
Jambon, munster, poulardes ou tofailles... C’est un véritable banquet que s’est concocté notre dizaine de convives réunie là-haut dans les montagnes. Mise en bouche flamboyante.
Sur l’antique cuisinière chargée de petit bois de vieux chêne, la cocotte exhale les volutes de cochon fumé et d’herbes fanées. (Emmanuel Pierrot/Libération)
publié le 21 novembre 2021 à 8h07
(mis à jour le 16 février 2022 à 10h24)
Libération, partenaire du cycle de conférences «les Nourritures» (février–juin 2022) organisé par la Cité des sciences et de l’industrie, proposera régulièrement articles, interviews et tribunes sur les thématiques abordées.
Conférence ce 15 février ( à 19 heures): « La gastronomie française, quel avenir ? » avec Olivier Durand, maraîcher ; Pascale Hebel, économiste ; Bertrand Grébaut, chef du restaurant étoilé Septime. Accès gratuit. Rendez-vous à l’auditorium de la Cité des sciences et de l’industrie ou sur cite-sciences.fr.

Pour un gueuleton, ce fut un sacré gueuleton… Avec autant d’épatants aminches que de beaux mets et de belles quilles tortorées et gorgeonnées un soir de novembre dans le massif des Vosges. On ne dira jamais assez combien il est bon de ripailler en montagne. Forcément le propos est subjectif, on s’en excuse d’avance auprès des becs fins des plaines et des littoraux. Mais l’on doit ce parti pris gourmand à l’oncle Jules, montagnon sauvage et rebelle qui nous initia à l’art du fromage de tête, à la préparation du beurre d’escargot, à la truite au bleu et à la dégustation de l’absinthe encore prohibée dans une combe de l’arc jurassien. Il fut retors et truculent jusque dans la mort puisqu’il fallut attaquer le sol à la barre à mine tellement il était gelé pour pouvoir l’inhumer. De tels efforts justifièrent amplement un banquet post-enterrement où il se vida autant de flacons que de souvenirs avant l’ultime partie de tarots et la descente d’une gnôle de gentiane à décorner le dahu.

On pense forcément à lui en attaquant la préparation de notre banquet vosgien avec notre coturne Emmanuel Pierrot – avec qui on fricasse chaque semaine Tu mitonnes ! depuis une décennie – et qui va laquer notre rétine de souvenirs photographiques de ces ripailles en altitude. D’abord, il faut du feu. Mais pas n’importe lequel. Celui du bois insoumis des monts et des vaux, accroché à des pentes