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Libération
100 jours à Matignon

«Entrisme islamiste», baisse d’impôts, attaques contre l’assurance-chômage… Ce qu’il faut retenir de l’interview de Gabriel Attal

Invité de BFM TV jeudi 18 avril au soir, le Premier ministre a annoncé qu’une circulaire pénale sera prise dans les prochains jours pour qu’une agression pour non-respect d’une religion devienne une circonstance aggravante.
Le Premier ministre français Gabriel Attal s'exprime lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale à Paris le 10 avril 2024. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 18 avril 2024 à 22h24
(mis à jour le 19 avril 2024 à 9h18)

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a dénoncé jeudi 18 avril «des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire un entrisme islamiste», qui prône «les préceptes de la charia, notamment dans les écoles», lors d’un entretien sur BFM TV à l’occasion de son centième jour à Matignon. «Le garde des Sceaux prendra une circulaire pénale pour que, quand vous êtes agressé parce que vous ne respectez pas des principes religieux, [soit] retenue une circonstance aggravante, comme c’est le cas quand on agresse quelqu’un parce qu’il a une religion en particulier», a ajouté le chef du gouvernement. Pour rappel, la charia, ou loi islamique, se définit comme diverses normes et règles doctrinales, sociales ou cultuelles. Elle est la principale source du droit dans nombre de pays musulmans.

Les conditions d’accès au chômage dans le viseur

Le Premier ministre a également parlé économie. Il a assuré que l’engagement d’Emmanuel Macron d’une baisse d’impôts de deux milliards d’euros pour les ménages «sera tenu», mais conditionné à une réduction de dépense équivalente, alors que l’exécutif aligne les mesures d’économies face à une dégradation de la situation budgétaire. «On a par ailleurs engagé un chantier sur les allègements de cotisations patronales et de cotisations salariales, parce qu’on veut que les Français qui travaillent, les classes moyennes notamment, puissent gagner d’avantage. Ça peut aussi rejoindre ce chantier-là», a-t-il poursuivi. Mais l’ancien ministre délégué aux Comptes publics n’a en revanche pas souhaité détailler le deuxième paquet de 10 milliards d’économies que l’exécutif entend trouver dès 2024.

Au sujet de la nouvelle réforme de l’assurance-chômage qu’il avait annoncée fin mars, Gabriel Attal a déclaré sa préférence pour un durcissement de la condition d’affiliation. Il a énuméré trois leviers pour faire évoluer le dispositif : la durée d’indemnisation, la condition d’affiliation soit «combien de temps il faut avoir travaillé pour toucher l’assurance chômage, c’est six mois dans les 24 derniers mois» et le niveau d’indemnisation.

«Il y a un système qui s’est organisé pour des multiplications de petits contrats, des contrats courts, entre lesquels on bénéficie du chômage. Je travaille quelques mois, je touche le chômage quelques mois, je retravaille quelques mois, je touche le chômage. […] C’est plutôt ça sur quoi je veux travailler, donc ça oriente plutôt sur les conditions d’affiliation. Maintenant les trois possibilités sont ouvertes et on y travaillera avec les partenaires sociaux», a décrit le chef du gouvernement. Depuis six ans, les gouvernements d’Emmanuel Macron n’ont cessé de durcir les conditions d’accès et d’indemnisation du chômage, au risque d’une précarisation générale.

Malaise social

Si son étoile pâlit légèrement au seuil de l’étape marquante des cent jours, le Premier ministre entend continuer d’opposer son volontarisme au malaise social qui grandit et à la censure qui menace à l’Assemblée nationale, sur fond de dérapage budgétaire et de campagne européenne mal engagée. Ce matin, le chef du gouvernement était en déplacement à Viry-Châtillon (Essonne) une commune de grande banlieue au sud de Paris marquée par la mort il y a quinze jours de Shemseddine, 15 ans, rouée de coups à proximité de son collège pour un différend lié à la sœur de deux de ses agresseurs. Sur place, il a promis une réponse rapide de l’exécutif, avant l’été, à «l’addiction à la violence» d’une partie de la jeunesse.

«Attaquer le mal à la racine, c’est poursuivre notre lutte sans merci contre le séparatisme, et notamment le séparatisme islamiste. De plus en plus, les violences des jeunes se déroulent sur fond de contestation des valeurs républicaines, de contestation de la laïcité et des violences se déroulent sur ce terreau-là. Ce n’est pas acceptable», avait-il lancé, refusant «qu’une idéologie religieuse vienne contester la loi dans des quartiers». «Pas question qu’une jeune fille ne soit pas libre de s’y promener sans voile si elle le souhaite. Pas question qu’un jeune garçon ne puisse pas manger ce qu’il souhaite, quand il le souhaite. Partout en France, la seule loi qui s’applique, c’est celle de la République», avait-il ajouté.

Mise à jour : vendredi 19 avril à 8 h 45, avec davantage d’éléments.