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Le 17 septembre 1981, le jour du discours plaidoirie de Robert Badinter contre la peine de mort à l’Assemblée nationale, dans le cadre de sa loi d’abolition, j’avais 18 ans. Pour la première fois, j’ai ressenti cet étrange sentiment : j’étais fier d’être français. Avant cela, je mesurais ma chance d’être né dans ce pays béni des dieux, j’étais plutôt content d’être français mais fier, quelle drôle d’idée. Pour moi, ce sentiment était au mieux puéril, au pire dangereux, bassement nationaliste, patriotard et cocardier. La fierté d’être français c’était la Ballade des gens qui sont nés quelque part de Brassens. Et puis il y a eu Robert Badinter. J’avais lu l’Exécution (Fayard) et savais à quel point François Mitterrand avait pris un grand risque politique en s’affichant, pendant la campagne du printemps de cette année-là, au côté de «l’avocat des assassins», comme le surnommaient les partisans du maintien de la peine de mort, encore largement majoritaires dans «la France qui a peur».
En voyant Robert Badinter à la tribune ce jour de septembre, nous avions l’impression d’entendre les échos contemporains des discours parlementaires de Victor Hugo sur la misère en 1849, de celui de Clemenceau contre la colonisation en 1885 ou de Jaurès pour la République en