La droite sera-t-elle dissoute ? La question est déjà actuelle en mars 1998. Nous sommes à la veille des élections régionales, et elle figure en une de Libération – avec ce dessin d’un Chirac réconfortant le président du RPR, Philippe Séguin : «Ça va, quoiqu’il arrive je reste Président !», se marre le premier.
Trois ans après sa victoire à la présidentielle, pourtant, la droite panique. Une dissolution ratée lui a déjà coûté, l’an passé, sa majorité à l’Assemblée et imposé une cohabitation avec la gauche plurielle de Lionel Jospin. Quant au scrutin à venir, elle a toutes les raisons de le redouter. Depuis 1992, le RPR ou l’UDF contrôlent 20 des 22 régions métropolitaines : la question n’est pas s’ils en perdront certaines, mais combien. Ces craintes se confirment le dimanche 15 mars, date du tour unique de l’élection : une dizaine de régions, ce jour-là, virent du bleu au rose. Leurs élus doivent désigner dans la semaine les nouveaux présidents des conseils régionaux. La défaite s’annonce cuisante pour la droite. A moins que…
Au RPR, beaucoup y pensent, quelques-uns le disent : dans les régions en jeu, on sauverait facilement la mise en s’entendant avec le Front national (FN). Le parti de Jean-Marie Le Pen vient d’obtenir 15% des voix au niveau national, faisant élire 275 des siens. Il a aussitôt compris l’intérêt de la situation : le voilà en situation de briser le «cordon sanitaire» censé le priver de toute alliance.
«Des Safrane, des bureaux et du lambris»
Dès le 16 mars, la direction du FN a