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51 jours de gestion des «affaires courantes» : Gabriel Attal proche du record de longévité d’un gouvernement démissionnaire

Elections législatives 2024dossier
Exceptionnelle par sa durée, la transition opérée par le gouvernement de Gabriel Attal entre le 16 juillet et ce jeudi 5 septembre avec Michel Barnier est la deuxième plus longue de l’histoire politique française d’après-guerre.
publié le 5 septembre 2024 à 13h38

En nommant Michel Barnier à Matignon ce jeudi 5 septembre, Emmanuel Macron a mis fin à une transition politique qui commençait à s’éterniser sérieusement. Le gouvernement de Gabriel Attal, qui avait remis sa démission au Président le 16 juillet, gérait en effet «les affaires courantes» depuis 51 jours. Dans l’histoire politique française récente (depuis l’après-guerre), cela en fait le deuxième gouvernement démissionnaire à être resté en poste le plus longtemps. Comme l’expliquait récemment Libération, seul un des quatre gouvernements qu’a menés Georges Pompidou a fait mieux – ou pire – en restant en place pendant 62 jours entre le 5 octobre et le 7 décembre 1962.

Ces deux cas sont exceptionnels pour la Ve République, en partie conçue et mise en place par Charles de Gaulle et Michel Debré en 1958 pour remédier à l’instabilité politique qui régnait pendant le précédent régime, la IVe République (1946-1958). Ainsi, comme le montre le graphique ci-dessous, sur les douze gouvernements démissionnaires ayant été maintenus en poste le plus longtemps depuis l’après-guerre, seuls trois l’ont été sous la Ve République et neuf sous la IVe.

Et si le gouvernement démissionnaire d’Attal n’aura finalement pas battu le record de Pompidou, il a tout de même mis en lumière une faiblesse flagrante de la Constitution de 1958 en matière de séparation des pouvoirs. Car Gabriel Attal, ainsi que 16 de ses ministres, ont pu rester pendant près de deux mois au gouvernement (qui constitue avec le Président le pouvoir exécutif) tout en étant aussi nouvellement élus à l’Assemblée nationale (un des deux composantes du pouvoir législatif). Et ce, malgré l’article 23 du texte constitutionnel qui prévoit que «les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire».

Pour le moins problématique, ce cumul a été soulevé par la gauche et fait l’objet de débats de constitutionnalistes lors de l’élection de la présidente de l’Assemblée nationale début juillet, à laquelle les 17 ministre-députés avaient pris part.