«Y’a les fachos ! Y’a les fachos !» Il était 21h30, samedi 15 juin 2024, quand Pierrick (1) est monté sur la petite scène du Héron carré, une guinguette située à l’entrée du parc Balzac à Angers (Maine-et-Loire). Face au jeune militant antifasciste, une centaine de personnes sont alors rassemblées pour assister au concert du rappeur Vin’s, dont le nom de scène est une référence au héros du film la Haine. Une poignée de nationalistes viennent de faire irruption à l’entrée de cet établissement bien connu des Angevins et où des concerts gratuits sont organisés aux beaux jours. Les torses bombés, équipés de gazeuses et de ceintures, les visages masqués (sauf pour un), ils font face à une foule qui grossit à vue d’œil et qui scande «Cassez-vous !» Les canettes et les noms d’oiseaux pleuvent.
«Ça a viré à la bataille rangée», rembobine un employé du Héron carré. Repoussée jusqu’à l’entrée du parc, la petite bande y aurait trouvé du renfort. «Il y en avait deux qui filmaient sur le côté, c’était prémédité», croit savoir Pierrick, les yeux encore rougis par le coup de bombe lacrymogène qu’un militant nationaliste lui a asséné. En tout, huit à dix d’entre eux auraient participé à cette opération qui a viré à la débandade. Quelques minutes plus tard, la police débarque face à une foule en colère. «C’est à vous de reculer, vitupère un homme à qui les policiers disent de rebrousser chemin. Arrêtez de les protéger. C’est votre faute, les fafs v