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Libération
Bataille d'ex

A Blois, François Hollande dénonce les «deux erreurs» de Sarkozy sur l’Ukraine

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Invité à intervenir lors du séminaire de formation des élus socialistes, l’ancien Président a fustigé les positions de son prédécesseur de droite qui ont été, selon lui, perçues en Russie «comme un soutien à la politique de Vladimir Poutine».
(Nicolas Guyonnet/Hans Lucas. AFP)
publié le 24 août 2023 à 21h32

Le teint hâlé, François Hollande s’avance lentement vers l’entrée de la Halle aux grains de Blois. Ce jeudi, une poignée d’élus socialistes réunis depuis la veille pour leur traditionnel séminaire de formation attendent l’ancien président de la République devant le pas de la porte. D’autres – en majorité – attendent l’ex-chef d’Etat assis dans l’auditorium. A la surprise générale, la pluie et les orages qui ont mouillé nombre de roses depuis la fin de matinée ont disparu pour laisser place à un grand soleil. Cette fois, la légende qui voudrait que François Hollande attire la pluie ne sera pas vérifiée...

A Blois, François Hollande, invité par la présidente de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), est venu parler «international». «Nous, élus locaux avons besoin de mieux comprendre la complexité du monde», explique la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, en préambule. Après un court propos introductif, la parole est donc à l’ancien chef d’Etat qui lors de son passage à l’Elysée de 2012 à 2017 a côtoyé Barack Obama et Vladimir Poutine. Et a surtout connu l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

«Un soutien à Vladimir Poutine»

L’entourage de François Hollande avait prévenu : l’ancien maire de Tulle allait répondre aux propos de Nicolas Sarkozy sur la guerre en Ukraine. Dans une interview au Figaro Magazine, l’ancien taulier de la droite expliquait le 16 août que, compte tenu de sa situation géographique de «trait d’union entre l’ouest et l’est», l’Ukraine devait rester «neutre». C’est-à-dire, ne rejoindre ni l’OTAN ni l’Union Européenne. A l’hebdomadaire de droite, l’ancien président UMP plaidait aussi pour l’organisation «de référendums strictement encadrés par la communauté internationale pour trancher les questions territoriales de façon définitive et transparente dans les territoires disputés de l’est et du sud de l’Ukraine». Des propos qui ont suscité une importante vague de critiques. Notamment dans les rangs de la gauche. «Vous avez vu comment ses propos ont été accueillis en Russie ? Comme un soutien direct à la politique de Vladimir Poutine», prend bien soin de préciser l’ancien député de Corrèze devant quelques caméras après son intervention.

Selon François Hollande, le récit de Nicolas Sarkozy comporte «deux erreurs». Contrairement à ce que dit l’ancien patron de LR et qui expliquerait la nécessité d’organiser des référendums, «il y avait déjà les garanties de sécurité accordées à l’Ukraine au moment de son indépendance», affirme le socialiste. D’autant plus que les référendums organisés par le régime russe n’apportent aucune garantie d’autonomie souligne-t-il. «On le voit avec les résultats à chaque fois», rappelle Hollande.

«Poutine fait de la guerre son idéologie»

Pour l’ancien Président, la seconde erreur de Sarkozy est de penser que l’on peut discuter et négocier avec Vladimir Poutine. «Il fait de la guerre son idéologie. Il estime que c’est la guerre qui va lui donner sa légitimité, appuie l’ancien maire de Tulle. Son système est fondé que la terreur et la centralité de son système mafieux.» Selon lui, Evgueni Prigojine, décédé mercredi dans un crash d’avion «en a payé le prix». «Ce n’est pas si fréquent de prendre un jet privé et de se prendre un missile», plaisante-t-il à la tribune. Autant d’arguments qui montrent que la proposition de discuter «ne peut pas tenir» selon lui. «Elle contraindrait l’Ukraine à céder des territoires sans contrepartie», complète Hollande.

Annoncée comme le moment fort de cette dernière journée de formation avant le début officiel du « campus » du PS, l’intervention de Hollande a été suivie par presque 200 élus. Mais pas par le premier secrétaire Olivier Faure. Les deux hommes se sont pourtant vus quelques instants à la mairie de Blois, en début d’après-midi. «C’était protocolaire et sympathique», assure François Hollande. Si officiellement, le député de Seine-et-Marne n’a pas assisté à la «masterclass» de l’ancien président de la République pour des raisons d’agenda, ce dernier ne tenait pas particulièrement a être filmé ou photographié avec l’ex-locataire de l’Elysée. Un proche de Faure fait le sous-texte : «cela aurait pu laisser penser un instant que nous sacrifions tout ce que nous avons construit en un an dans la difficulté.»