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Libération
Reportage

A Bruay-la-Buissière, l’extrême droite fait la pluie et le mauvais temps

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Le maire RN de cette commune du Pas-de-Calais chamboule l’identité de la ville en sacrifiant l’offre culturelle pour un «pôle événementiel» moins «élitiste» et en placardisant des fonctionnaires pas assez à son goût. Le tout en souriant.
A Bruay-la-Buissière, le 1er décembre 2024. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
par Tristan Berteloot et photo Stéphane Dubromel
publié le 23 décembre 2024 à 14h36

A Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), un lundi. La ville est plantée au milieu des terrils, à 10 bornes de Béthune et 30 d’Hénin-Beaumont. Elle est connue pour sa Cité des électriciens, la plus ancienne cité minière du Nord, celle de Bienvenue chez les Ch’tis. Dans le centre-ville, le passage de la Flânerie ne donne pas vraiment envie de flâner. Sous la galerie en verre cradingue, les stores baissés d’anciennes boutiques recouverts de graffitis, têtes de morts, signatures anarchistes. Derrière l’entrée de ce qui fut jadis un bar, le sol est jonché de canettes de bière à gros titrage. Un type promène son chien, se souvient d’un temps lointain où la rue était remplie de commerces et de vie. A Bruay, désormais, tout se passe dans la grande zone commerciale, la Porte Nord. On y va en bagnole, parce qu’on y trouve de tout, mais pour les discussions entre adultes, ce n’est pas le Pérou. La place de la mairie a meilleure allure. On y a installé des arbres, des bacs à fleurs, il y a un petit square avec une promenade, et dans une boîte à livres en libre-service, un numéro de Spécial histoire, un magazine confidentiel.

«Du pain et des jeux»

A Bruay, le taux de chômage atteint 24 %, le taux de pauvreté est à 29 %, et on y vote RN : 70 % pour Le Pen en 2022, 63 % aux dernières européennes, 66 % aux législatives… Ici, ce fut pourtant longtemps une baronnie socialiste. Mais