Le barrage républicain ayant été malmené lors des dernières législatives, ils sont nombreux à gauche à chercher une nouvelle formule pour le reconsolider et empêcher, à nouveau, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Ce mardi 20 mai, c’était donc au tour de plusieurs parlementaires de gauche, de différentes obédiences, de monter et présenter leur projet de «Digue» à la presse.
Initié par l’ex-socialiste – qui siège aujourd’hui avec les écolos à l’Assemblée nationale – Pouria Amirshahi, le collectif propose, face à la montée en puissance de l’extrême droite et à son organisation en réseau, de s’inspirer des pays où la « résistance » fonctionne. «Cette inquiétude […] nous a mobilisés avec l’idée d’aller à la rencontre de celles et ceux qui font face, dans leurs pays», insiste cet habitué des démarches unitaires depuis ses années Unef, puis son passage au Parti socialiste (PS) avant un retour en politique comme député de Paris à la faveur de la constitution du Nouveau Front populaire en 2024. Le groupe entend ainsi se préparer à lutter contre l’extrême droite en campagne mais aussi en cas de victoire des «néofascistes», pose la députée PS de Seine-Saint-Denis, Fatiha Keloua Hachi. Pour elle, «l‘objectif est d’être proactifs et de proposer une contre-offensive en France où le Rassemblement national est au second tour depuis un certain temps».
«La porte est ouverte à tous les progressistes»
A leurs côtés, on retrouve notamment la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, la députée communiste des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon ou encore son collègue Génération·s d’Ille-et-Vilaine Tristan Lahais. Manque une couleur à cet arc-en-ciel de gauche : le violet de La France insoumise. «Tout le monde est le bienvenu, le sectarisme est notre ennemi», se défend Pouria Amirshahi. Pour preuve : ce rassemblement s’ouvre aussi aux macronistes, avec la députée des Français de l’étranger, Eléonore Caroit, et les premiers membres ne ferment pas la porte à d’éventuels parlementaires d’autres étiquettes. «La porte est ouverte à tous les progressistes, mais pas à ceux qui ont refusé le front républicain», précise Fatiha Keloua Hachi alors que de nombreux cadres issus des rangs présidentiels avaient plaidé pour une stratégie «ni-LFI, ni-RN» au second tour des dernières législatives.
Des élections anticipées, survenues après la dissolution de juin 2024, à l’origine de cette tentative de sursaut républicain. «En tant qu’élue d’une circonscription populaire [ndlr : la 1ʳᵉ circonscription des Hauts-de-Seine, qui compte les villes de Gennevilliers, Colombes et Villeneuve-la-Garenne], j’ai été marquée par la peur des habitants de voir gagner l’extrême droite, insiste la communiste Elsa Faucillon. Ils ont conscience qu’ils en seront les premières victimes. Dans cette période, il faut créer un espoir chez nous comme chez les autres. Les réponses ne peuvent pas être que nationales.»
Des visites en Hongrie, au Brésil ou en Italie
Dès le mois de juin, une première série de déplacements et de rencontres à l’étranger sera donc organisée. Mélanie Vogel et l’eurodéputée socialiste Chloé Ridel se rendront notamment en Hongrie, sur les terres de Viktor Orbán, où elles échangeront avec Gergely Karácsony, le maire de Budapest. Tristan Lahais ira, lui, en Italie, où l’extrême droite est au pouvoir depuis plus de deux ans, sous la houlette de Giorgia Meloni, tandis que le député Hendrik Davi, ancien de La France insoumise, devrait s’envoler pour le Brésil, où la gauche de Lula est revenue au pouvoir après le mandat de Jair Bolsonaro.
En septembre, la présidente des écologistes à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain, prévoit une visite aux Etats-Unis pour rencontrer les opposants à la politique de Donald Trump. Le député Génération·s des Yvelines, Benjamin Lucas, pourrait, lui, se rendre en Espagne où le gouvernement de gauche, mené par le socialiste Pedro Sanchez, réussit à se maintenir au pouvoir depuis 2018 mais reste menacé par des conservateurs concurrencés, désormais, par une extrême droite héritière du général Franco.
Mise à jour à 17h12 avec davantage d’éléments.