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A la Fonction publique, Guillaume Kasbarian veut «simplifier à tous les étages»

Une carrière qui n’a qu’un rapport lointain avec le service public, un pedigree très libéral, une loi anti-squatteurs… Le très macroniste successeur de Stanislas Guérini part sans le moindre atout face aux syndicats de fonctionnaires.
Guillaume Kasbarian à l'Elysée le 6 mars. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 21 septembre 2024 à 22h33
(mis à jour le 22 septembre 2024 à 15h05)

«Simplifier à tous les étages et ramener les services publics sur le terrain.» Pour l’heure, il faudra se contenter de ces quelques mots tweetés par Guillaume Kasbarian, ce samedi 21 septembre au soir, pour tenter de cerner ce que le nouveau ministre chargé de «la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique» compte faire dans ce ministère qui préside aux destinées de 5,7 millions d’agents publics. Il est possible que ce macroniste de 37 ans ne le sache pas vraiment, lui qui n’a jusqu’à maintenant entretenu qu’un rapport très lointain avec le service public – il est diplômé d’une école de commerce (l’Essec), a travaillé dans un cabinet de conseil en stratégie, et son dernier poste était celui de ministre du Logement dans le gouvernement Attal, obtenu après qu’il se fut illustré par une loi dite «anti-squatteurs» dénoncée par les associations d’aide au logement.

Opposition des syndicats

Dans quel état son prédécesseur, Stanislas Guérini, lui laisse-t-il la nouvelle loi sur la Fonction publique qu’il était censé présenter cet automne, mais dont la conception a été brutalement interrompue par la dissolution ? Mystère. Pour ce qu’on en savait, ce projet consistait notamment à introduire davantage de «mérite» dans la rémunération des fonctionnaires, et il était question de remettre à plat les catégories administratives (A, B et C) qui régissent la fonction publique. Tout en se défendant de pratiquer le «fonctionnaires-bashing», Guérini avait ligué les syndicats de la fonction publique contre lui, plus encore quand il avait évoqué dans les médias, mais pas devant les premiers concernés, sa volonté de lever le «tabou» des licenciements.

Les premiers mots de Guillaume Kasbarian n’augurent pas un changement radical de direction, pas plus que son pedigree très libéral. Bref, il part sans le moindre atout face aux syndicats de fonctionnaires, dont l’un des principaux, FO (premier dans la fonction publique d’Etat, deuxième au global), écrivait dans un communiqué faisant suite à la nomination de Michel Barnier à Matignon : «Le fonctionnement des services publics et les conditions de travail des agents ont été mis à mal par les multiples réformes et réorganisations imposées depuis des décennies. Nous demandons l’arrêt de cette politique de réforme permanente, la mise en adéquation des besoins et des moyens et recruter partout où c’est nécessaire.» Un propos résumant la position de l’ensemble des syndicats.

Après l’annonce de la nomination, le syndicat CFE-CGC de la fonction publique a salué le fait que la fonction publique garde un ministère de plein exercice, et appelé au «dialogue social» pour obtenir un «budget 2025 ambitieux». Auprès de Libération, Benoît Teste, le secrétaire général de la FSU (représentée notamment dans l’éducation nationale), ne se prononce pas sur le profil du ministre, mais souligne que le mot «simplification [...] peut vouloir dire tout et son contraire».

Mise à jour le 22 septembre à 15h05 avec les réactions syndicales