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Libération
Le billet de Jonathan Bouchet-Petersen

A l’Assemblée, à la télé ou sur les réseaux, le débat public touche le fond

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Pour bien des acteurs, échanger des arguments apparaît moins urgent que de clouer son interlocuteur au pilori. Chacun s’enferme dans ses certitudes et nos responsables politiques sont loin de montrer l’exemple quand ils cèdent devant l’injonction de réagir à tout et à chaud.
La Première ministre et le ministre de l'Economie et des Finances lors de la séance publique après la discussion de la première partie du projet de loi de finances, à l'Assemblée nationale ce jeudi 18 octobre. (Xose Bouzas/Hans Lucas.AFP)
publié le 19 octobre 2023 à 14h24

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A l’Assemblée nationale, même sur le budget de la nation, on ne débat quasiment plus. Pas le temps mais surtout pas envie. Au prétexte de ne pas avoir de majorité absolue au Palais-Bourbon et parce qu’il se révèle la plupart du temps incapable de trouver des compromis avec des oppositions qui bien souvent ne le souhaitent pas davantage, le pouvoir dégaine à la pelle des 49-3 qui mettent fin à toute forme de discussion. Sur d’autres textes, celui sur la réforme des retraites par exemple, tous les outils permettant de contraindre le temps parlementaire ont été utilisés. Tout cela est légal mais délétère et au fil des années personne n’en sort gagnant.

Des anathèmes à longueur de journée

L’Assemblée est au fond à l’image de l’époque. Dans notre société ultra-polarisée, il apparaît de plus en plus compliqué d’échanger en respectant son interlocuteur, qu’on soit ou pas d’accord avec lui. Affirmer que le débat contradictoire est une source d’enrichissement collectif semble presque naïf. Chacun s’enferme dans son camp et dans ses certitudes. En cas de désaccord, plutôt que de prendre le temps d’argumenter au risque de complexifier des sujets qui s