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17e motion de censure contre Elisabeth Borne lundi 12 juin à l’Assemblée. Le député LFI Louis Boyard crie à plusieurs reprises, alors que Yaël Braun-Pivet lui demande de se «taire» pour «écouter la Première ministre» : «Quand on aura le droit de voter, on se taira !» Rappelé à l’ordre par la présidente de l’Assemblée, l’insoumis enchaîne : «Je n’ai pas de leçons à recevoir d’un agent de l’Elysée !» Une nouvelle saillie qui lui vaudra d’être sanctionné d’un quart de son indemnité parlementaire.
Une scène qui illustre le flou – mais pas le loup – qui existe quand on observe la Nupes à la chambre basse. D’un côté, socialistes et écolos font figure de bons élèves, sages et bien habillés. De l’autre, les insoumis – qui avaient fait du non-port de la veste et de la cravate un geste aussi politique que symbolique – multiplient les provocations, chahuts ou invectives. Une attitude critiquée à l’unisson par la majorité relative et certaines oppositions, oubliant que l’hémicycle n’a historiquement jamais été un lieu de calme et de modération. Mais c’est la comparaison avec les élus RN, contraints par Marine Le Pen à porter cravate, veste et tailleurs, qui gêne aux entournures les alliés de l’union de la gauche.
«Allez mettre une cravate»
«Même si ça a toujours existé, dans ma circo, les gens me parlent de l’attitude des insoumis», nous rapporte un élu socialiste qui juge que «la gauche est inaudible par ses divisions et ses outrances». Et le même de lancer à ses camarades : «Je dis aux insoumis : “Allez mettre une cravate, continuez votre brutalité contre Macron mais changez de comportement.”» Présidente du groupe LFI, Mathilde Panot justifie la conflictualité voulue par son camp et son penchant pour ce que leurs adversaires qualifient de «bordélisation». «Je trouve ça assez cocasse. Celui qui fait de l’antiparlementarisme, c’est le gouvernement», expliquait récemment la mélenchoniste à l’AFP, ajoutant : «On atteint des sommets dans l’autoritarisme. Tout ce qui est dit sur les mots violents que l’on aurait prononcés dans l’hémicycle, c’est d’abord une méconnaissance de l’histoire du Parlement extrêmement forte. Il y a eu des épisodes bien plus violents. On a été élus pour exprimer aussi la colère des gens, pour s’opposer à la réforme des retraites et à la politique d’Emmanuel Macron. Et cela sert aussi d’exutoire à la colère. […] Nous disqualifier comme étant des violents, cela fait partie d’une stratégie.»