La route qui longe la cité grise monte, au son des cigales, vers le portail de l’école… Dégagée, la route ! Une équipe mandatée en urgence par la Métropole a déblayé l’immense tas de gravats, de pneus, de tôles qui traînaient depuis des mois. Il faut faire place nette pour le cortège présidentiel, en route mardi 27 juin pour l’école Saint-André-la-Castellane, dans le 16e arrondissement de Marseille. Plus loin, les herbes du talus, où les habitants avaient peur de trouver des serpents, ont même été taillées. «C’est normal de nettoyer mais on ne dit pas la vérité du quartier, pointe un intérimaire de 19 ans en regardant passer le convoi de voitures aux vitres fumées, venues en éclaireuses. On devrait être plus cash avec lui. Comme quand on se plaint chez nous, en famille.»
S’il avait pu croiser Emmanuel Macron, Kyller, un autre intérimaire, lui aurait parlé de sa musique. Son prochain son, intitulé Rien n’a changé, parle du chômage, des cités pourries, des jeunes dans la galère qui, comme lui, vivent «de bric et de broc». «Au moins, le Président vient, reconnaît-il. Mais on ne peut pas tout changer d’un coup de baguette magique.» De retour de la fourrière, Alice, elle, ne décolère pas. Sa voiture, garée dans la rue, a été embarquée, comme d’autres, au petit matin. «135 euros d’amende en fin de mois, dans un quartier populaire… juste pour un passage du Président», s’énerve-t-elle. «On n’est plus au temps médiéval, où le roi arrive et