Un groupe de jeunes hommes au look casual prisé des militants radicaux d’extrême droite : ils invectivent un militant aux cheveux grisonnant accusé d’être «communiste» qui tentait de prendre la parole pour dénoncer la récupération du Rassemblement national (RN) dans une manifestation d’agriculteurs, vendredi après-midi à Montpellier. Dans la bande, de plus en plus agressive, un jeune aux épaules carrées enfile soudain une cagoule puis bondit sur la victime et la frappe à grands coups de ses poings chaussés de gants coqués. Les images de cette agression ont été largement partagées en ligne. Sur la base de ces images et d’autres encore, les antifascistes de la Jeune Garde Montpellier ont publié des éléments démontrant que les agresseurs sont membres de larges pans de l’extrême droite, allant des néofascistes aux identitaires en passant par les syndicalistes étudiants préférés du Rassemblement national : La Cocarde.
«Ici c’est les blancs»
Ce vendredi à Montpellier, comme un peu partout en France, le monde paysan a continué d’afficher sa colère en multipliant les points de blocage, actions et manifestations. Comme un peu partout, aussi, des prises de parole mais, à Montpellier, les militants d’extrême droite étaient venus en nombre pour intimider les manifestants «de gauche» relate sur X le journaliste Samuel Clauzier. Face à sa caméra, les agresseurs, dont le jeune homme aux gants coqués, ont fait les fiers à bras et prétendu être des agriculteurs. Avant de se montrer menaçant à l’encontre du reporter. Ils ont également intimidé et insulté un autre confrère, le journaliste indépendant Ricardo Parreira, à qui ils ont notamment lancé «ici c’est les blancs», selon des images révélées par le média local le Poing. Ils ont fini par être «écartés du cœur du rassemblement» par «les paysans», témoigne encore Samuel Clauzier.
L’agression a également été filmée par le média d’extrême droite Livre Noir, qui a diffusé les images sur X en assurant qu’il s’agissait de «paysans» qui voulaient simplement «écarte[r] des communistes qui tentaient de prendre la parole». Sans un mot pour la violence de la scène. Livre Noir a également filmé un groupe au sein duquel les mêmes militants violents scandent «plus d’argent pour les paysans, moins pour les migrants», les identifiants comme des membres du groupuscule identitaire Jeunes d’Oc, des héritiers du groupe raciste Génération identitaire dissous en 2021 par les autorités.
Volonté de se greffer
Selon des sources antifascistes, la bande rassemblait ainsi de larges pans de l’extrême droite avec des gens qui militent au sein de Jeunes d’Oc mais aussi le Bloc Montpellier (un groupuscule apparu récemment, ndlr), les identitaires de la Ligue du Midi, des néofascistes d’Active Club France ou encore La Cocarde étudiante.
Une action et une agression qui sont représentatives de la volonté de la mouvance de se greffer aux manifestations paysannes ces derniers jours. Après s’être pourtant largement désintéressés de ce mouvement, ces radicaux multiplient les appels à le rejoindre depuis que la mobilisation a gagné en intensité.
Libération a ainsi pu constater comment, depuis deux jours, les groupuscules de toute la France revendiquent leur présence «en première ligne» sur les points de blocage, photos à l’appui. Et si ces clichés sont le plus souvent pris prudemment à l’écart des cortèges, l’agression que se sont sentis libres de perpétrer ces militants de Montpellier vendredi montre que la mouvance ne compte pas seulement faire acte de présence. Mais bien essayer d’en chasser les manifestants «de gauche» (expression dont ils ont une définition très large) pour mieux tenter de peser sur le mouvement.