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Trois, c’est trop. Le maire macroniste de Nevers, Denis Thuriot, a pris un troisième arrêté anti-mendicité en un an, interdisant «toute occupation abusive ou prolongée des rues» et «la station assise ou allongée lorsqu’elle constitue une entrave à la circulation». «Ce n’est pas un arrêté anti-SDF, mais un arrêté anti-regroupement, pour empêcher les nuisances dans certaines parties de la ville», se justifie l’édile auprès de France 3.
Mais la gauche et les assos locales ne l’entendent pas ainsi – elles s’étaient déjà insurgées lorsque le sujet avait créé une polémique au début de l’année après les fêtes. Dans une lettre envoyée mercredi 2 juillet et qui sera rendue publique ce lundi, ATD Quart Monde, la Fondation pour le logement des défavorisés (anciennement Abbé-Pierre) ou la Ligue des droits de l’homme, entre autres, interpellent Thuriot pour fustiger le choix du «contrôle plutôt que de la solidarité». «Ce choix politique interroge. Il inquiète. Et il heurte», écrivent les signataires estimant qu’aucun trouble à l’ordre public «suffisamment grave» ne justifie cet arrêté qui «ne règle rien».
«Après Bruno Retailleau qui fait la chasse aux migrants, les maires font la chasse aux pauvres ? Ça s’inscrit dans la même logique. Si le maire est capable de pont aérien [il avait mis en place une liaison aérienne entre Dijon et sa ville pour lutter contre les déserts médicaux, ndlr], il n’est pas capable d’une prise en charge humaine à Nevers de quelques individus ?» s’interroge une socialiste qui dénonce un «délit de fraternité» à quelques mois des municipales. «Ne faisons pas de la pauvreté une infraction», poursuivent les auteurs de la lettre, proposant une rencontre constructive et espérant que le maire Renaissance saura «privilégier le dialogue, la protection et l’accompagnement». Et surtout qu’il retirera son arrêté.