Jean-Claude s’est transformé en horloge parlante. A chaque fois qu’il entend le haut-parleur, il regarde sa montre et compte le nombre de messages. «II est 10 h 45 et il nous a déjà gonflés trois fois. C’est trois fois de trop, râle-t-il. Il nous en met plein les oreilles.» Sur le marché de la Libération, quelques rues au nord de la gare de Nice, Jean-Claude tient un stand d’œufs et de miel en bas d’un poteau. La voix vient d’en haut : c’est la police municipale qui parle. Depuis un an ici, elle intime l’ordre de «rester confiné», d’«éviter les déplacements» et de respecter «le port du masque». Des messages diffusés à 70 décibels – autant qu’une télé – dans un rayon de 40 mètres en simultané sur la promenade des Anglais, la vieille ville ou sur cette place.
«Message officiel de la ville de Nice. Epidémie Covid-19. Pour votre santé et celle de vos proches, évitez les déplacements et restez confinés.» La voix est saccadée et électronique. Sur ce marché, elle a commencé à diffuser ses messages à 9 heures. Jean-Claude enchaîne les ventes : il récupère les boîtes d’œufs vides pour y glisser des frais, il distille des conseils sur ses petits pots dorés – «contre le mal de gorge, il faut prendre du miel au thym». La voix le coupe. «Franchement, ça gonfle. On n’a pas besoin d’avoir ce truc qui met la panique, dit-il. On n’est pas des gosses, on ne doit pas être mis sous pression sans arrêt. On nous infantilise.»
Condensé des dispositifs technologiques niçois
Le haut-pa