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Censure

A Noisy-le-Sec, la projection en plein air de «Barbie» annulée après des pressions

Le maire PCF de la ville de Seine-Saint-Denis explique avoir été contraint de prendre cette décision, vendredi 8 août, pour éviter que les agents de la ville chargés de l’installation ne soient agressés. L’élu assure aussi qu’il va porter plainte.
A sa sortie en 2023, le film Barbie avait été censuré dans de nombreux pays, accusé de faire la promotion de l'homosexualité et de la transidentité. (Warner Bros. Pictures - Heyday Films - LuckyChap Entertainment - Mattel Films - Mattel/COLLECTION CHRISTOPHEL)
publié aujourd'hui à 12h15

Pour la troisième année consécutive, la municipalité de Noisy-le-Sec a consulté ses habitants sur le site de la commune et dans les pages de son magazine pour élaborer la programmation des séances estivales de cinéma en plein air. Parmi les films retenus : Barbie. Sorti en 2023, le film de Greta Gerwig avait connu un succès mondial, attirant notamment près de 6 millions de spectateurs en France. Malgré cette popularité, le choix du long-métrage n’était visiblement pas au goût d’un petit groupe d’habitants du quartier du Londeau, où il devait être projeté, vendredi 8 août. D’après un communiqué d’Olivier Sarrabeyrouse, le maire PCF de la ville, ces derniers ont «mobilisé [leur] énergie sous la pression d’un individu pour empêcher la projection de ce film, pourtant classé tout public en France lors de sa sortie au cinéma».

Toujours selon l’élu, les censeurs ont menacé de violences les agents de la ville chargés de l’organisation de la séance, comme cela avait déjà été le cas par le passé dans ce même quartier. «Ces menaces ont été motivées par des arguments fallacieux, traduisant l’obscurantisme et le fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques», précise Olivier Sarrabeyrouse alors que Barbie avait été considéré comme trop «woke» et censuré au Koweït, en Algérie ou au Liban. «Face aux tensions, la séance a dû être annulée, au grand désespoir des habitant.e.s qui souhaitaient y participer», déplore le maire communiste. Ce dernier regrettant qu’«une extrême minorité de voyous, qui, sans doute, n’a pas vu le film, [ait] transformé une simple séance de cinéma plein air gratuite et ouverte à toutes et tous en un mouvement d’opposition violent».

«Une manipulation bassement politicienne»

Au plus fort de son succès, le film dans lequel Margot Robbie et Ryan Gosling tiennent la tête d’affiche avait suscité de violentes polémiques venues à la fois de la droite réactionnaire et d’obscurantistes religieux. Deux ans après sa sortie, Barbie continue visiblement d’irriter ses détracteurs. «Quand certain.e.s accusent le film de “mettre en avant des histoires de personnages lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels”, d’autres condamnent une “propagande néoféministe”», pointe l’élu qui en profite pour rappeler que «si c’est le cas, cela ne contredit pas les valeurs de gauche et d’émancipation que notre municipalité porte».

Ferme, l’édile annonce dans son communiqué qu’il ira «bien évidemment» porter plainte et qu’il ne tolérera pas «de zones de non-droit culturelles dans notre ville». Elu en 2020 face au maire (UDI) sortant et à une liste divers gauche, celui qui avait reçu le soutien des socialistes et des écologistes au second tour dénonce «une manipulation bassement politicienne d’une poignée dont l’objectif principal est d’entraver la réussite de nos actions municipales». Si Olivier Sarrabeyrouse note que l’incident intervient «dans un contexte électoral», il ne précise pas qui est visé par ses soupçons.