Elu lors des dernières municipales, Louis Aliot, maire (RN) de Perpignan, annonce l’ouverture ce vendredi 19 mars, date de ce qu’il nomme le «pseudo-cessez-le-feu de 1962», une exposition temporaire présentée comme un «lieu de mémoire et de recueillement aux victimes oubliées de la guerre d’Algérie». La quarantaine de photos et documents qui seront présentés témoigne, selon lui, «des tortures et massacres généralisés dont furent victimes environ 100 000 harkis et entre 3 000 et 5 000 pieds-noirs de la part du FLN». Installée dans une salle municipale, cette exposition doit durer deux jours, «dans le strict respect des règles sanitaires». Afin de ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes, son accès est interdit aux moins de 16 ans. «Nous avions prévu d’ouvrir ce lieu une seule journée, explique Louis Aliot à Libération. Mais à la demande d¹associations de rapatriés et d’anciens combattants, et dans la mesure où nous attendons quelques centaines de personnes, ce lieu restera également ouvert samedi 20 mars.»
Louis Aliot, qui se présente comme fils et petit-fils de pied-noir et maire d’une ville «imprégnée de l’apport des rapatriés et harkis», profite de l’occasion pour adresser une lettre ouverte à Benjamin Stora. Faisant suite à une mission que lui avait confiée Emmanuel Macron, l’historien a en effet remis le 20 janvier un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Un travail qui, selon Louis Aliot, «occulte sciemment des faits innombrables».
«Indigne»
Suite à l’annonce de l’ouverture ce lieu de mémoire temporaire, le Collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée a dénoncé dans un communiqué le «négationnisme» de Louis Aliot : «Ne pas reconnaître que le 19 mars est le symbole de la fin de la boucherie que fut la guerre d’Algérie nous paraît particulièrement indigne», écrit ce collectif qui réunit une quinzaine de partis et mouvements, dont l’association des pieds-noirs progressistes (ANPNPA). «Louis Aliot en rajoute par rapport à ses prédécesseurs. Sa mise en scène pour ce 19 mars n’a rien d¹étonnant car sa famille politique n’a jamais accepté la victoire du peuple algérien pour son indépendance.» Ce collectif en profite pour réaffirmer son combat contre les symboles érigés à Perpignan «par tous les nostalgiques de l’Algérie française» : une stèle à la mémoire de l’OAS dans le cimetière municipal, un Centre de documentation des Français d’Algérie, inauguré en janvier 2012 par Jean-Marc Pujol (UMP), prédécesseur de Louis Aliot à la tête de la ville, et un «Mur des disparus» dédié aux victimes du FLN, inauguré en novembre 2007 par Jean-Paul Alduy, qui fut maire (UMP) de Perpignan de 1993 à 2009.
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