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Libération
Dernière danse

A Rouen, Anne Hidalgo finit sa campagne au marché et dans les choux

Election Présidentielle 2022dossier
La candidate du Parti socialiste clôture ses déplacements de campagne ce jeudi en Normandie. L’occasion pour elle de rappeler les points saillants de son programme.
Anne Hidalgo et le maire Nicolas Mayer-Rossignol (au centre) dans les rues de Rouen (Seine-Maritime), ce jeudi. (Livia Saavedra/Livia Saavedra)
publié le 7 avril 2022 à 19h52

«Vous nous apportez l’éclaircie !» C’est au détour d’un rayon de soleil que les commerçants du marché de Sotteville-lès-Rouen, fief normand acquis au Parti socialiste depuis 1989, accueillent chaleureusement Anne Hidalgo. «Continuez comme ça, vous êtes sur la bonne voie», encourage un maraîcher. La candidate plafonne pourtant à 2% dans les sondages, à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle. Malgré les sourires de la socialiste et des «je suis très heureuse d’être ici» réitérés, l’ambiance est plutôt à la morosité. Les allées sont quasi-vides, le vent souffle fort et les jeunes militants manquent à l’appel. Heureusement pour la candidate, les commerçants font diversion. «On est des gentils, nous», rigole un détaillant, promettant implicitement de ne pas la brusquer.

«Il faudrait que les gentils qui aiment la paix sachent s’organiser comme ceux qui font la guerre», extrapole l’intéressée. «Mais les gentils ne semblent pas savoir s’organiser», poursuit-elle. Un bon résumé de sa campagne ? On ne sait pas ce que pense vraiment Anne Hidalgo ce jeudi matin. Mais sa tête haute, son front fier et son discours digne laissent croire que le crash annoncé du Parti socialiste ne semble guère l’atteindre. «Ma campagne ? Ah, super, vraiment !» s’exclame-t-elle avec des accents de sincérité. «Je suis allée partout en France, j’ai vu les Français et les Françaises qui bossent, qui essaient de trouver des solutions, qui sont solidaires. La partie de France qu’il faut mettre en lumière !»

«L’outrage et la fureur»

Dans une allusion à peine cachée à ses rivaux de droite et d’extrême droite, Anne Hidalgo n’oublie pas de s’indigner. «Le débat médiatique n’a plus rien à voir avec ce qu’il aurait dû être : chercher des solutions pour mieux vivre ensemble. Malheureusement, on a surtout entendu l’outrage et la fureur.» Pouvoir d’achat, santé, écologie et démocratie, voilà les vraies préoccupations des Français, affirme l’édile parisienne, reléguant les sujets de sécurité et d’immigration à des «vociférations de haine», réservées à la droite extrême et à l’extrême droite. «Ouvrez les fenêtres, regardez, il y a le soleil», tente-t-elle encore dans une comparaison politico-météorologique plutôt hasardeuse.

Cahin-caha, la balade continue entre les étals de choux, échalotes et poireaux. A qui veut bien l’entendre, la maire de Paris tient toujours la même petite chanson entêtante : «Votez librement !» Taclant au passage son meilleur ennemi, Jean-Luc Mélenchon, qui caracole à 16% des intentions de vote. Selon elle, l’insoumis «prône quasiment la sortie de l’Europe» et, une fois élu, «il remettra en question l’aide apportée à l’Ukraine». Alors attention à ne pas voter sous la «pression» des réseaux sociaux et des sondages, rappelle Anne Hidalgo. Le vote utile ? C’est d’accord s’il «correspond à vos idées, à vos projets».

«Terre de courage»

Sautant sur l’occasion de parler avec deux lycéens qui passaient par là, Anne Hidalgo ne manque pas de rappeler son programme en matière d’éducation. «Il faut plus de moyens pour l’école, des profs mieux payés, une pédagogie plus ouverte. Je veux que vous, lycéens, vous soyez mieux accompagnés dans vos choix pour l’avenir.» Et, mesure phare du volet jeunesse de son programme, la mise en place du vote à 16 ans. Ce qui semble ravir les intéressés.

Au terme de la déambulation, une dizaine de militants attendent leur favorite au détour d’une allée. Banderoles, écharpes, tracts et affiches, le petit groupe porte haut les couleurs de la candidate PS. Celle-ci se prête au jeu des selfies, lorsqu’une femme l’interrompt : «Habla espanol ?» «Hablo muy bien» («Parlez-vous espagnol ?» «Oui, très bien»), répond l’édile, manifestement ravie d’esquisser quelques mots dans sa langue maternelle et de rappeler ses origines issues de l’immigration. Mais pas le temps de s’attarder, il faut filer à Rouen. Si la socialiste a choisi la cité normande et ses alentours pour son dernier déplacement de campagne, c’est parce que c’est sur cette «terre de courage» que tout a commencé. En septembre, elle annonçait sa candidature dans la ville dirigée par Nicolas Mayer-Rossignol, encore présent à ses côtés ce jeudi. Dans les rues de la vieille ville, même topo, il faut serrer des mains et expliquer pourquoi son programme «est le plus réaliste de tous». Arrivée devant la célèbre cathédrale de Rouen, Anne Hidalgo sourit une dernière fois. «La boucle est bouclée.»