Quand 62 000 passagers utilisent chaque jour le tramway de Rouen, le don de 12 500 tickets à usage unique par la métropole aurait pu passer inaperçu. Mais la décision de la mairie normande d’offrir ces titres de transport aux associations d’aide aux exilés et à l’Office français de l’immigration (Ofii) ne plaît pas à tout le monde. Le maire socialiste, Nicolas Mayer-Rossignol, également président de la métropole, a partagé mercredi 12 février sur ses réseaux sociaux des messages de haines reçus en réaction à cette initiative.
«Va niquer ta grand-mère à offrir des tickets de bus pour des clandestins qui n’ont rien à faire en France encore moins en Normandie», peut-on lire sur la capture d’écran d’une conversation sur Instagram publiée par le socialiste. «Sombre merde tu dégoûte pense au Rouennais qui peuvent pas circuler librement avant de pensé au étrangers» (sic) écrit encore l’auteur des messages reçus par l’élu normand que ce dernier a décrit comme «haineux et vulgaires».
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Un signalement au procureur
Contacté par Libération, l’entourage de Nicolas Mayer-Rossignol a confirmé que le numéro 2 du PS a signalé ces messages racistes au procureur. «L’anonymat confortable et facile des réseaux sociaux n’excuse pas tout», a affirmé le maire de Rouen sur ses réseaux sociaux. Fin janvier, ce dernier avait déjà suscité des réactions xénophobes en ligne lorsqu’il avait soutenu publiquement Liri, une jeune Kosovare menacée d’expulsion.
La distribution de ces tickets avait été validée par le conseil métropolitain, lundi 3 février, pour aider les étrangers primo-arrivants dans leurs démarches administratives. D’après la Métropole Rouen Normandie, ces personnes «peuvent voyager gratuitement […] dès qu’elles ont ouvert leurs droits, notamment l’inscription à France Travail. En revanche, elles doivent dans un premier temps effectuer les démarches leur permettant d’ouvrir leurs droits sociaux sans avoir de ressources».
Un don à 9 120 euros
Une tâche que les associations ou l’Office français de l’immigration et de l’intégration accompagnent en prenant en charge le coût des tickets de transports à Rouen. Mais une «grande partie de ces structures travaillent exclusivement avec des bénévoles et vivent des dons», c’est pourquoi Nicolas Mayer-Rossignol avait décidé de les décharger de cette dépense. Une décision chiffrée à 9 120 euros qui semble anodine pour la métropole, dont le budget primitif pour 2025 s’élevait à plus de 1 milliard d’euros.
Après la publication de ces insultes, le maire de la capitale normande a reçu de nombreux témoignages de soutien de la part de citoyens mais aussi d’élus socialistes. La présidente de la région Occitanie, Carole Delga, s’est élevée contre «l’ignominie et […] la lâcheté de ces insultes», tout comme le maire de Cherbourg, Benoît Arrivé. Le député PS et candidat à la candidature à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, a, lui, déploré qu’à Rouen «comme partout dans le pays, en ligne comme sur le terrain, les élu·es de la République sont insultés, menacés, parfois jusqu’à subir des violences physiques».