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Libération
Reportage

A Toul, une encombrante statue du général Bigeard, enfant du pays et bourreau de guerre

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Quatorze ans après sa mort, le fantôme de Bigeard hante toujours sa ville natale. En mars, le maire divers gauche de la ville a acté l’installation d’une statue de cette figure de la guerre d’Algérie, créant la polémique chez les habitants.
Le général Bigeard à l'aéroport d'Orly, en août 1958. (AFP)
par Julie Lescarmontier
publié le 16 avril 2024 à 10h10

C’est un «cadeau encombrant et empoisonné» qui a été fait à la ville de Toul, prévient Philippe Champouillon, ancien appelé de la guerre d’Algérie. Une statue en bronze de 2,30 m de haut à l’effigie du général Marcel Bigeard (1916-2010) doit être érigée, cette année, dans la sous-préfecture de Meurthe-et-Moselle. Une figure de la Libération, certes, mais «empoisonnée» par son implication dans la torture pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie qui ont suivi.

A l’origine de cette drôle d’offrande : un projet lancé et financé par la Fondation Général-Bigeard, et soumis en 2018 à la municipalité. La statue, comme les autres actions menées par la fondation, doit «perpétuer l’œuvre et la mémoire de Marcel Bigeard en s’attachant à promouvoir auprès de la jeunesse les valeurs de courage et de fierté de la patrie, dans l’esprit du général», indique leur site Internet.

Le choix d’un certain Boris Lejeune pour la confectionner n’est pas anodin. L’artiste est un contributeur régulier de la revue catho intégriste Catholica où il signe des articles sur «la mémoire vivante de Jeanne d’Arc» ou «l’auto-aveuglement désiré de l’athéisme». Sans grande surprise, l’extrême droite locale se réjouit de l’érection de cette nouvelle statue du parachutiste dans l’espace public. Un article du site identitaire Boulevard Voltaire remercie même la