«Sur ce plateau, depuis toujours, la liberté est comme chez elle.» Ce mardi 16 avril, Emmanuel Macron était à Vassieux-en-Vercors, dans la Drôme, pour rendre les hommages de la République à ce village martyr de la Résistance, admis dès 1945 au rang de Compagnon de la Libération (comme seules quatre autres communes en France : Nantes, Grenoble, Paris et l’Île-de-Sein). Une visite officielle inédite pour un chef de l’Etat en exercice, qui s’inscrit dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération de la France, une semaine après l’étape présidentielle sur le plateau des Glières et à la maison d’Izieu, dans l’Ain.
Reportage
«Leur courage et leur martyr»
«Aujourd’hui, celui qui monte au Vercors se souvient de ces Français, combattants et habitants tués par les troupes allemandes et leurs complices. Il se souvient de leur courage et de leur martyr, de Vassieux-en-Vercors et des communes voisines», a souligné Emmanuel Macron devant le monument aux morts du village, appelé martyrologe. Et le président de la République de rappeler les massacres commis en juillet 1944 par l’armée allemande dans le Vercors, théâtre d’une opération militaire d’une ampleur sans équivalent contre un mouvement de Résistance en Europe occidentale, avec plus de 10 000 soldats mobilisés. Quelque 800 habitants du massif avaient été tués, dont plus de 200 civils.
Avant son discours, Emmanuel Macron avait procédé à une revue des troupes à l’entrée de Vassieux-en-Vercors, dans la nécropole où sont enterrés les restes de 187 civils et maquisards assassinés en 1944. Là, le chef de l’Etat, accompagné de la secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, Patricia Mirallès, avait serré quelques mains, comme celle du maire de Grenoble, Eric Piolle. Puis La Marseillaise et Le Chant des Partisans avaient retenti sur le plateau, entonnés par un chœur d’hommes. La cérémonie s’était ensuite poursuivie devant le monument aux morts, avec un discours de remerciement du maire sans étiquette de la commune, Thomas Ottenheimer, et un dépôt de gerbe. Enfin, avant la prise de parole présidentielle, l’appel solennel des noms de chacun des Vassivains «morts pour la France», prononcés par des enfants.
«C’était un temps où des Français n’aimaient pas la France»
Plutôt que le 21 juillet, date du début de l’opération allemande que les élus locaux commémorent chaque année, Emmanuel Macron avait opté pour une visite le 16 avril, qui marque une attaque de la milice française à Vassieux-en-Vercors en 1944. Alors le président de la République a parlé collaboration et pointé du doigt «ces Français qui trahissaient la France par esprit de vengeance», ces «Français rongés par l’esprit de défaite inséparable de la haine de la République». «C’était un temps où des Français n’aimaient pas la France, la France des Lumières. […] Alors ils ne pouvaient pas aimer la République du Vercors», proclamée officiellement par les maquisards le 3 juillet 1944, a-t-il ajouté.
Et d’insister, costume sombre sur le plateau venteux du Vercors, à mille mètres d’altitude : «Souvenons-nous de ces Français, de leurs choix et de leurs fautes. Dans l’âme de chaque Français, le chemin du Vercors doit être remémoré.» Difficile de ne pas lire dans ces propos, prononcés à quelques semaines d’élections européennes sur lesquelles plane la menace d’une percée historique de l’extrême droite, une forme d’avertissement implicite.