Un cadre du Rassemblement national passé chez l’ennemi ? Ambiance polar de John Le Carré, ces jours-ci, au sein de la formation d’extrême droite. Après les rumeurs, le parti de Marine Le Pen tape du poing sur la table. «Nous avons eu confirmation, indique un communiqué de la formation, que Nicolas Bay, profitant de sa présence dans les plus hautes instances de la campagne, transmet depuis des mois des éléments stratégiques et confidentiels à notre concurrent direct Eric Zemmour.»
Des fuites qui auraient contribué au «parasitage des événements de la campagne» et constitutives d’un «véritable sabotage». Traîtres du RN, tremblez ! Face à ce «comportement immoral» de Nicolas Bay, le bureau exécutif a décidé de le suspendre de son poste de porte-parole de la campagne de Marine Le Pen, ainsi que de toutes ses autres responsabilités.
Sur Twitter, l’intéressé a dénoncé une accusation «grossière» : «Ne participant à aucune instance de la direction de campagne, comment aurais-je pu connaître et transmettre de prétendues «informations stratégiques» ! ?», a-t-il réagi. De son côté, le polémiste identitaire doit se rendre samedi en Normandie, sur les terres de Nicolas Bay. L’occasion d’officialiser le ralliement de ce dernier ? Sur les réseaux, les proches de Zemmour jouent déjà la petite musique d’une adhésion imminente…
À peine une heure après avoir demandé une discussion en Bureau exécutif, j’en suis suspendu !
— Nicolas Bay (@NicolasBay_) February 15, 2022
L’accusation est grossière : ne participant à aucune instance de la direction de campagne, comment aurais-je pu connaître et transmettre de prétendues « informations stratégiques » !? https://t.co/91zEn2tcOQ
«Stratégie de la limace»
L’information de cette suspension, révélée par BFM TV, risque d’agiter encore un peu plus un parti déjà échauffé par des défections de cadres certes peu nombreuses, mais tout de même symboliques. Dernière en date : celle du sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier, qui a officialisé dimanche rejoindre la campagne de Zemmour. Un coup dur pour la patronne du RN.
Que «ceux qui veulent partir partent. Mais ils partent maintenant !» avait déjà lancé Le Pen fin janvier à Madrid, les accusant de pratiquer une «taqiya insupportable», en référence au concept dans la religion musulmane recommandant de dissimuler sa croyance en cas de danger. Une colère faisant suite à une intervention de Nicolas Bay sur BFMTV qui l’accompagnait dans son déplacement en Espagne mais avait refusé de dire s’il serait à ses côtés jusqu’au premier tour de la présidentielle.
Dans l’Aisne ce mardi, Marine Le Pen a cette fois qualifié ces ralliements en série de «stratégie de la limace». «Non seulement parce que la limace est lente mais aussi parce qu’elle est poisseuse», a-t-elle cinglé. Se disputant une place au second tour face à Valérie Pécresse et Eric Zemmour, celle qui se présente pour la troisième fois à l’élection présidentielle voit d’un mauvais œil ces lâchages en pleine campagne, bien qu’elle tente de les minimiser. «Les tentatives de déstabilisation d’une poignée de personnes ne sauraient entacher le travail effectué tous les jours par les élus et les cadres du mouvement», lit-on ainsi dans le communiqué du RN.
Mis à jour à 21 h 50 avec le déplacement d’Eric Zemmour en Normandie samedi.