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Libération
Edito

Affaire Abad: un doute qui n’aurait pas dû être ignoré

Violences sexuellesdossier
Si le gouvernement Borne veut pouvoir se mettre au travail dans la sérénité, il doit demander au ministre des Solidarités de se mettre en retrait le temps que toute la lumière soit faite.
Damien Abad, alors président du groupe LR à l'Assemblée nationale, en juillet 2020 à Paris. (Frédéric Stucin/pour Libération)
publié le 23 mai 2022 à 21h30

Bis repetita. De la même façon que le premier quinquennat Macron avait été entaché par des accusations de viol portées contre Gérald Darmanin, nommé malgré tout au ministère de l’Intérieur (le parquet a requis un non-lieu en janvier), le second quinquennat Macron se retrouve plombé par des accusations de viol lancées contre le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad. On serait tentée d’écrire «grosse fatigue» mais ce ne serait guère constructif. Alors allons droit au but : cette nouvelle affaire est un problème. Un énorme problème. La tâche du gouvernement est telle, les enjeux du moment si importants (reconstruire l’hôpital, reconstruire l’école, reconstruire la société) que cette nouvelle équipe ne peut se mettre en marche avec des semelles de plomb.

Damien Abad a droit à la présomption d’innocence, bien sûr. Mais il plane au-dessus de sa personne, compte tenu de la plainte qui avait été déposée contre lui en 2017 – classée sans suite – puis de l’alerte transmise il y a quelques jours aux directions de LR et de LREM, un doute qui n’aurait pas dû être ignoré. Soit les femmes et les hommes qui l’ont promu à ce poste en avaient été informés et ils ont commis une faute en négligeant ces informations, soit ils n’en avaient pas été informés et il y a eu une erreur quelque part. Si le gouvernement Borne veut pouvoir se mettre au travail dans la sérénité, il doit demander à Damien Abad de se mettre en retrait le temps que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Pourquoi se montrer intransigeant ? Parce qu’il y a eu trop d’abus et d’impunité par le passé. Notamment dans le monde politique, car c’est un lieu de pouvoir, et l’on sait que le pouvoir peut rendre fou et ôter toute forme de discernement. La Première ministre ne peut dédier sa promotion «à toutes les petites filles», en les enjoignant d’aller au bout de leurs rêves, et accepter que la moindre suspicion de harcèlement ou de viol plane sur un membre de son gouvernement.