On peut être centriste et conservateur. En trente ans, François Bayrou a précieusement gardé tous ses mails, publicités comprises. Au point de donner du fil à retordre au service de police chargé d’enquêter sur l’affaire des assistants de députés européens du Modem qui a, selon lui, eu toutes les peines du monde à aspirer le million de messages contenus dans son ordinateur. Depuis six mois, le leader centriste plonge dans ses archives, farfouille dans ces vieux mails, s’enferme dans son bureau pour éplucher les 7 500 pages de l’épais dossier qui l’amène à comparaître, avec dix cadres du parti, à Paris, à partir de ce lundi et jusqu’au 22 novembre. «Il a vu des juristes, des avocats, des juges d’instruction, la Terre entière. C’est son obsession, François connaît le dossier sur le bout des doigts», raconte un dirigeant du Modem.
Ces dernières semaines, ses proches le trouvent absent, ailleurs. «Pas fébrile, pas anxieux, prêt», décrit l’une d’eux. Concluant, voilà trois semaines, un bureau exécutif au siège parisien du parti, rue de l’Université, près de l’Assemblée nationale, François Bayrou, à l’heure du départ, se retourne vers ses troupes avec une soudaine pointe d’inquiétude : «On se revoit, hein» avant le procès ? Comme si chaque rendez-vous pouvait êt