Le père d’abord. Charles Ceccaldi-Raynaud, décédé en 2019 à 94 ans, Corse d’origine qui fut longtemps l’un des seigneurs du «92», ce département des Hauts-de-Seine où régnèrent les Patrick Balkany, Nicolas Sarkozy ou Charles Pasqua. La fille ensuite. Joëlle Ceccaldi-Raynaud, 71 ans, qui succéda à son père à la mairie de Puteaux en 2004. Le début d’un psychodrame, quand la fille refusera de redonner, quelques années plus tard, les clés de la boutique au géniteur.
En 2008, «CCR», se sentant trahi, décide de balancer : sa fille détiendrait un compte caché au Luxembourg. Le Canard enchaîné enfonce le clou en 2011. Selon l’hebdomadaire, la maire de Puteaux a ouvert en 1997 un compte au Luxembourg, via une société écran aux îles Vierges. Depuis, la justice a mis le nez dans ces trahisons dénonciations familiales. Après Joëlle Ceccaldi-Raynaud en décembre 2020, c’est au tour de 5 de ses proches d’être mis en examen, comme l’a rapporté ce jeudi l’AFP.
Une défense fragilisée par le témoignage d’un ancien proche
L’enquête concerne le pactole luxembourgeois du clan familial, que Joëlle Ceccaldi-Raynaud a converti en lingots d’or en 2008. La justice soupçonne notamment l’élue des Hauts-de-Seine d’avoir transmis ces fonds non déclarés à sa fille. Les nouvelles mises en examen, prononcées entre avril et août, concernent donc ses enfants, Vincent Franchi et Emilie Franchi, ainsi que son gendre, Vincent Laviec. Elles visent également Didier Bensadoun, gestionnaire de comptes au moment des faits, et Olivier Bensadoun, ex-directeur sportif à la mairie de Puteaux. Tous sont mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale. Emilie Franchi et Vincent Laviec sont également soupçonnés de fraude fiscale.
Si Joëlle Ceccaldi-Raynaud nie les faits, sa défense est fragilisée par les témoignages d’anciens proches. Dont fait partie notamment Olivier Bensadoun. Ce dernier, dans un entretien accordé à Mediapart en février, racontait par le menu les importants retraits d’argent liquide qu’il a effectué au Luxembourg, entre 2005 et 2008, avant de les rapatrier en France. Celui qui se présentait alors comme l’homme de confiance du clan Ceccaldi-Raynaud expliquant également avoir transporté une partie des 102 lingots de la famille. Des mouvements de fonds opérés, selon lui, en compagnie d’Emilie Franchi et Vincent Franchi.
Selon Joëlle Ceccaldi-Raynaud, les lingots d’or - d’une valeur de 2 millions d’euros à l’époque - proviennent d’un héritage familial. Ses deux enfants, mis en examen, contestent les faits d’une transmission illégale. Vincent Franchi, conseiller départemental des Hauts-de-Seine depuis 2011 et premier adjoint à Puteaux, nie les faits de blanchiment dont il est soupçonné. Il a assuré n’avoir eu qu’un rôle de procuration pour le compte au Luxembourg. Emilie Franchi, elle, s’est dit par la voix de son avocat «victime» de son époux, Vincent Laviec, lui-même étranger à l’affaire, qu’il n’aurait découvert qu’au moment où il a épousé la fille de Joëlle Ceccaldi-Raynaud.