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Libération
Insoumission insoumise

Affaire judiciaire, management toxique et langage insultant : la députée LFI Pascale Martin demande des explications à Sophia Chikirou

Au moment où plusieurs articles de presse décrivent le style brutal de Sophia Chikirou, par ailleurs accusée d’«escroquerie aggravée», la députée LFI de Dordogne demande des «explications» à sa collègue.
Pascale Martin, députée insoumise de Dordogne, à l'Assemblée nationale le 24 novembre 2022. (Amaury Cornu/Hans Lucas. AFP)
publié le 3 octobre 2023 à 17h13

Chez les insoumis, rares sont ceux qui osent ne serait-ce que contredire l’intouchable et redoutable Sophia Chikirou. La députée de Dordogne Pascale Martin s’en moque et va beaucoup plus loin. A deux jours de la diffusion d’un numéro de Complément d’enquête consacré à la proche de Jean-Luc Mélenchon et au moment ou plusieurs articles de presse – dont celui de Libérationdépeignent notamment un management brutal, l’élue réclame des explications à sa collègue. Désireuse d’en savoir plus sur ses «pratiques» au sein de la galaxie insoumise.

Dans son édition de mercredi, un article du Monde relate l’enquête judiciaire visant Sophia Chikirou et affirme qu’elle sera «prochainement entendue en vue d’une éventuelle mise en examen pour “escroquerie aggravée”», pour des soupçons de surfacturations de prestations à LFI lors de la campagne présidentielle 2017. Accusations que Sophia Chikirou a contestées en 2018.

Ces derniers jours, plusieurs médias révèlent aussi des échanges privés de Chikirou sur la boucle Telegram du groupe LFI. Elle y qualifierait certains collègues de «langues de pute» ou répondrait «attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps» quand un insoumis alerte contre les «chasses aux ennemis de l’intérieur».

«Des faits profondément contraires à l’éthique insoumise»

«Si elles sont confirmées, les révélations du Monde constituent des faits profondément contraires à l’éthique militante insoumise et au projet de société que nous défendons chaque jour en tant que députés. Aux milliers de militants bénévoles sincères, Mme Sophia Chikirou doit des explications. Les pratiques doivent changer», a écrit à l’AFP Pascale Martin. Ce n’est pas la première fois que la députée de Dordogne prend une position à rebours de ses camarades. Au moment de l’affaire Quatennens, elle avait déjà pris ses distances avec la direction de LFI. Ce qui n’avait pas du tout plu à Chikirou.

Outre ses affaires judiciaires et son langage insultant, les différents articles de presse décrivent l’ancienne socialiste comme une intouchable dans les rangs insoumis. Ce que l’attitude de la direction de LFI semble confirmer au fil des révélations. Un extrait de Complément d’enquête dévoile un message de Sophia Chikirou de 2018 où la patronne du Média écrit à propos de journalistes qui réclament la publication d’un communiqué auquel elle s’oppose : «Ils le font, le signent et se le mettent dans le cul profond. Cette bande de tafioles de merde.» «“Tafiole” a une connotation homophobe, c’est un mot homophobe mais Madame Chikirou est députée depuis plus d’un an, elle a travaillé sur 56 propositions de loi, notamment sur les violences obstétricales. Il n’y a jamais eu un propos homophobe de la part de Chikirou», a pagayé la présidente du groupe Mathilde Panot sur Sud Radio.

Interrogée en conférence de presse ce mardi 3 octobre, Panot en a remis une couche en jugeant «profondément sexiste qu’on s’attaque régulièrement aux femmes politiques». Circulez donc, il n’y a rien à voir. Quant à l’enquête sur les comptes de campagne de LFI, «ça fait cinq ans qu’on nous dit que bientôt nous allons être mis en examen, convoqués, etc. Ça fait cinq ans que nous attendons de savoir pourquoi est-ce qu’on a mobilisé 100 policiers pour des perquisitions [en 2018] dans 17 endroits différents sans aucune raison apparente», a dénoncé la présidente du groupe. Selon le rédacteur en chef de Complément d’enquête Tristan Waleckx, photo à l’appui, la cheffe des députés LFI a d’ailleurs demandé à ses troupes de ne pas répondre au magazine, dénonçant une «opération de dénigrement».