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Agriculture : Gabriel Attal dévoile quelques pistes et se dit «prêt» à un débat avec Marine Le Pen

Le Premier ministre s’en prend ce mardi 20 février à la position du Rassemblement national sur l’agriculture, et dévoile de nouvelles pistes pour sortir de la crise. Il annonce notamment la création une mission parlementaire censée faire évoluer la loi Egalim.
Gabriel Attal dans une exploitation bovine de Haute-Garonne le 26 janvier 2024. (Jean-Marc Barrere/Hans Lucas. AFP)
publié le 20 février 2024 à 21h10
(mis à jour le 20 février 2024 à 21h25)

Le service avant-vente. A la veille d’une conférence de presse qu’il doit tenir pour tenter de sortir de la crise agricole, Gabriel Attal dévoile les premières pistes du gouvernement, dans un article du Figaro mis en ligne ce mardi 20 février dans la soirée. Au quotidien préféré de la droite, le macroniste de la première heure annonce la création d’une mission parlementaire visant à proposer «d’ici la fin de l’été» une évolution de la loi Egalim. Les travaux menés par les députés Alexis Izard (Renaissance) et Anne-Laure Babot (MoDem) serviront ensuite de base à un nouveau projet de loi.

Le chef du gouvernement explique également qu’il prendra un arrêté dans les prochains jours pour faire entrer les filières agricoles dans les «métiers en tension». Ce qui permettra aux agriculteurs de recourir à la main-d’œuvre étrangère dans leurs exploitations.

Mais dans le Figaro, Gabriel Attal s’est aussi chargé de distribuer les baffes et de défier la patronne du Rassemblement National Marine Le Pen. «Si le RN (Rassemblement national, ndlr) veut transformer les champs en un terrain politique, alors je suis prêt à un débat sur l’agriculture avec Marine Le Pen», affirme le Premier ministre. «On ne l’entend pas beaucoup [Marine Le Pen, ndlr], sûrement parce qu’elle n’est pas à l’aise avec le bilan de son parti au Parlement européen. C’est trop facile de ne rien dire», surenchérit le chef du gouvernement. Dans un tweet, la triple candidate à la présidentielle a rejeté l’invitation à débattre. «Le Premier ministre cherche à brûler les étapes mais en pleine campagne européenne “l’arme anti-Bardella” devrait surtout accepter le débat que lui a proposé notre tête de liste et président du Rassemblement National Jordan Bardella», a-t-elle écrit.

Dans l’entretien, le locataire de Matignon multiplie les attaques contre le parti d’extrême droite. Pour le RN, «les agriculteurs sont de la chair à canon électorale. Ils montent sur des tracteurs et formulent beaucoup de propos d’estrade mais derrière on ne trouve ni bilan, ni cohérence», grince Attal. Le plus jeune Premier ministre de la Ve République s’en prend également directement à son meilleur ennemi, le président du parti Jordan Bardella. «En cinq ans de Parlement européen, [son] bilan […] sur l’agriculture c’est zéro : 0 rapport et 0 résolution sur le sujet. C’est 0 action mais 100 % girouette puisque le RN a voté contre la PAC (politique agricole commune) en 2019, pour en 2021, et maintenant est de nouveau contre», tacle Gabriel Attal.

Le Salon de l’Agriculture, «pas le lieu pour mener campagne»

Mais Marine Le Pen a également droit à sa banderille. Elle «n’était même pas dans l’hémicycle quand la loi Egalim (censée garantir une rémunération décente aux agriculteurs, ndlr) a été votée et ses députés ont voté contre. Quand on a fait la loi sur l’assurance-récolte, la seule députée RN présente dans l’hémicycle ne l’a pas votée», poursuit Gabriel Attal.

Mais après largement avoir dégoisé sur ses adversaires, le chef du gouvernement appelle à ce que le Salon de l’agriculture qui s’ouvre ce samedi «ne peut pas être l’otage de joutes politiques». «Ce n’est pas le lieu pour mener la campagne des élections européennes», estime-t-il mais il doit être «avant tout un moment de fierté pour nos agriculteurs et un moment populaire et familial, de rencontres et de partage».

Côté syndicats agricoles, reçus à l’Elysée dans l’après-midi, on considère que «le temps de la décision politique» est venu. «Les attentes sont très fortes» a soufflé à quelques journalistes le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, en sortant d’une entrevue avec Emmanuel Macron. Pour maintenir la pression jusqu’au Salon de l’Agriculture, la FNSEA et son allié syndical les Jeunes agriculteurs (JA) ont prévu à Paris vendredi soir un «cortège» d’agriculteurs emmenés par quelques tracteurs et se terminant devant les portes du salon.

«On considère que notre travail est fait et qu’on a mis dans les mains des pouvoirs publics les éléments très clairs, très cadrés de ce qu’on attend», a souligné Arnaud Rousseau. Et d’ajouter : la situation est désormais «dans les mains du président de la République. C’est maintenant à lui d’exercer son autorité».

Mis à jour à 21 heures 24 avec la réponse de Marine Le Pen.