Un exercice d’équilibriste dans un contexte explosif. Le Premier ministre Gabriel Attal prononce ce mardi 30 janvier à partir de 15 heures sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Ce discours, auquel se livrent tous les Premiers ministres même s’ils n’y sont pas obligés, permet d’imprimer un style, de présenter une méthode.
Or, celle de Gabriel Attal, censément basée sur «l’action» et les «résultats», avec beaucoup de déplacements sur le terrain, est déjà mise à l’épreuve par les agriculteurs, qui jugent insuffisantes ses premières mesures et continuent de barrer les routes, y compris les accès à Paris.
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Le propos du chef du gouvernement, qui devrait durer environ une heure, s’articulera autour de quelques chapitres, selon son entourage : «l’autorité et le régalien», «le travail et l’emploi», les «services publics» au premier rang desquels l’éducation et la santé, et enfin «l’agriculture et l’écologie».
Agriculture
Pour tenter de calmer la fronde des exploitants, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a déjà promis de «nouvelles mesures» qui seront annoncées ce mardi, après une deuxième rencontre lundi soir à Matignon entre Gabriel Attal et les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs. Celles-ci pourraient logiquement s’inscrire dans la déclaration de politique générale du Premier ministre.
Il avait dévoilé vendredi de premières mesures, dont des indemnités gonflées pour certains éleveurs et l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR). Mais nombre de manifestants disent attendre autre chose que ces «mesurettes», tandis que les artisans du bâtiment ont dénoncé lundi une «iniquité de traitement» car leur niche fiscale est toujours vouée à disparaître. Les taxis montent aussi au créneau au sujet du transport de malades.
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Mais l’exécutif mène aussi la bataille au niveau européen. Emmanuel Macron s’entretiendra jeudi à Bruxelles avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pour évoquer notamment l’accord commercial en négociation entre l’UE et le Mercosur, les jachères imposées aux agriculteurs et les importations de produits ukrainiens dans l’Union. Autant de sujets que Gabriel Attal ne pourra donc exploiter ce mardi.
Malgré la crise agricole, le Premier ministre devrait aussi tenter d’aborder l’écologie, accusée d’être le parent pauvre du nouveau gouvernement. Il s’agit pour Gabriel Attal de «sortir des débats stériles entre croissance et climat» et de bâtir «un nouveau modèle de croissance, car l’écologie crée des emplois». Le chef du gouvernement pourrait notamment s’aventurer sur le terrain de la planification écologique – désormais l’apanage du locataire de Matignon – une stratégie censée mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050, selon le Monde.
Les classes moyennes
L’ancien ministre de l’Education, qui a emmené le thème avec lui à Matignon, pourrait faire des «annonces fortes» sur l’éducation, selon le Parisien. Il tentera aussi de répondre aux attentes des classes moyennes, «ceux qui ne peuvent compter que sur leur boulot et ont le sentiment de ne rien recevoir en retour». De possibles baisses d’impôts pourraient être mises sur la table, d’après le Parisien, après celles déjà évoquées de longue date et confirmées par Emmanuel Macron lors de la conférence de presse mi-janvier.
Gabriel Attal parlera également de «travail», avec un possible renforcement des mesures visant le plein-emploi. Ce qui pourrait se traduire par des «mesures percutantes», selon France Info, dans trois domaines : «Favoriser l’exercice des petits patrons, serrer la vis pour les chômeurs, revoir le statut des seniors.»
Le chef du gouvernement devrait enfin mentionner les «services publics». L’accès aux soins, l’éducation «mère des batailles», la sécurité et l’autorité, seront eux les thèmes centraux de cette partie.
Les suites
Après son discours, Gabriel Attal a déjà fait savoir qu’il ne sollicitera pas de vote de confiance. Demander aux députés de voter la confiance après une déclaration de politique générale, conformément à l’article 49-1 de la Constitution, n’est pas obligatoire. Mais la gauche, unie pour l’occasion, promet de déposer la première motion de censure contre le gouvernement. L’objectif est de protester contre ce choix du Premier ministre. Elle a toutefois peu de chances d’être adoptée sans la droite.
Reste qu’en dépit de ce discours, le contexte politique restera inchangé pour la macronie : l’absence de majorité absolue à l’Assemblée.