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Libération
Dérapage du budget

Alexis Kohler : la justice saisie après le refus du bras droit d’Emmanuel Macron d’être auditionné par les députés

Le président LFI de la Commission des finances de l’Assemblée nationale a annoncé ce mardi 4 mars sa volonté de demander au procureur de la République des poursuites contre le secrétaire général de l’Elysée qui n’a pas voulu répondre du dérapage des comptes publics devant la commission d’enquête dédiée.
Alexis Kohler quittait le palais de l'Élysée le 7 février 2024. (Sarah Messoynier/REUTERS)
publié le 4 mars 2025 à 11h24

Le député Eric Coquerel (LFI) a annoncé ce mardi 4 mars qu’il saisirait «dès ce jour» le procureur de la République pour demander des poursuites contre le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, après son nouveau refus d’être auditionné devant une commission d’enquête sur les raisons du dérapage des finances publiques.

«J’ai donné une dernière chance à Monsieur Kohler pour se présenter devant notre commission puisqu’il en a l’obligation. Il vient de me répondre à l’instant que ce ne sera pas le cas. Donc je vais évidemment entamer dès ce jour une poursuite devant le procureur de la République», a annoncé l’élu insoumis, président de cette commission d’enquête, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée.

«Certains diront qu’il a peut-être des choses à cacher. Je ne suis même pas sûr que ça soit l’élément fondamental. L’élément fondamental ? C’est que ces gens-là pensent qu’ils n’ont pas de comptes à rendre au Parlement. Je rappelle que Monsieur Kohler n’est pas le président de la République», a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis devant des journalistes.

La commission des Finances de l’Assemblée, présidée par Eric Coquerel, a obtenu pour six mois les pouvoirs d’une commission d’enquête et lancé ses travaux début décembre pour enquêter sur «les causes» de «la variation» et des «écarts des prévisions fiscales et budgétaires» constatés sur les années 2023 et 2024.

Alexis Kohler, bras droit du président Emmanuel Macron, n’a pas répondu à la convocation de la commission invoquant des problèmes d’agenda, puis «le principe de séparation des pouvoirs», selon différents courriers adressés à Eric Coquerel et consultés par l’AFP, dont le dernier est daté du 3 mars.

Le secrétaire général de l’Elysée y invoque à nouveau «le principe de séparation des pouvoirs» entre l’exécutif et le législatif, pour justifier le fait qu’un collaborateur du président de la République puisse refuser d’être auditionné devant une commission d’enquête, estimant qu’une telle audition risquerait de «porter atteinte aux principes constitutionnels qui encadrent le fonctionnement de nos institutions».

Les précédents sur Benalla et les autoroutes, au Sénat

Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.

Alexis Kohler s’est déjà présenté devant des commissions d’enquête, en 2019 sur l’affaire Benalla au Sénat, ou en 2020 sur les concessions d’autoroute, toujours à la chambre haute.