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«Les fondamentaux sont là» : Antoine Pellion quitte le secrétariat général à la Planification écologique

Gouvernement Bayroudossier
Installé en 2022 pour prévoir la décarbonation de la France, Antoine Pellion confirme ce lundi 17 février son départ du poste de secrétaire général à la Planification écologique. Il va rejoindre le groupe Idex, entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables.
Antoine Pellion, secrétaire général à la Planification écologique, le 18 septembre 2023 à Matignon. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 17 février 2025 à 13h04
(mis à jour le 17 février 2025 à 18h35)

Un départ qui interroge sur les ambitions environnementales du gouvernement Bayrou. Antoine Pellion, secrétaire général à la Planification écologique (SGPE), quitte son poste, apprend-on ce lundi 17 février. Il devrait rejoindre le groupe Idex, «groupe français indépendant de services à l’énergie et à l’environnement», selon une information de la Lettre de l’Expansion que Libé a pu confirmer. Un recul de plus pour cette structure unique dans l’administration française, placée sous l’autorité du Premier ministre.

Lancée en 2022, la mission d’Antoine Pellion était de dessiner la trajectoire permettant à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2030. Pendant un an, le secrétaire général a œuvré, à grand renfort de tableurs. Il a déployé un plan, chiffré, détaillé, pour tracer le chemin de l’économie française vers une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Un travail validé par l’exécutif le 25 septembre 2023 et vendu par Emmanuel Macron comme une «écologie à la française» axée sur la «compétitivité» et la «souveraineté». Mais depuis le départ d’Elisabeth Borne de Matignon, l’environnement a cessé d’être une priorité de l’exécutif.

«Un cap dans la tempête»

Interrogé sur son départ en plein backlash (retour de bâton) environnemental, Antoine Pellion soutient auprès de Libération que la planification reste «un cap dans la tempête». «Au niveau mondial, européen, dans les autorités politiques et dans la société civile, il y a des doutes et des hésitations sur la transition, c’est un fait. On savait que ça n’allait pas être facile tout le temps. Mais les fondamentaux sont là et la planification est le bon outil» pour traverser ce moment, juge-t-il.

Si la France a réussi à faire baisser ses émissions de gaz à effet de serre, le diplômé des Mines - ingénieur civil option énergie - reconnaît qu’il reste des «points de vigilance», comme la rénovation des bâtiments ou la décarbonation des transports. «L’important, c’est que l’on ait une corde de rappel auprès du Premier ministre, qui nous dise : ‘‘voilà où on en est, voici ce qui marche’’, que l’on puisse faire des propositions et corriger les écarts. C’est ce à quoi sert le Secrétariat général à la Planification écologique et c’est comme ça qu’il continuera de fonctionner», assure-t-il.

Selon le haut fonctionnaire, l’organisme interministériel a rempli son objectif premier, c’est-à-dire d’œuvrer pour que la transition écologique soit intégrée dans toutes les politiques publiques, dans tous les ministères.

Le SGPE, qui a «franchi des étapes importantes» comme la récente finalisation de 14 feuilles de route régionales, continuera donc sa mission sans son premier de cordée. Il sera remplacé temporairement par son adjoint Frédérik Jobert, avant que son successeur définitif ne soit nommé.

«Le défi est immense»

«À l’heure où certains doutent encore de la nécessité d’accélérer, ce départ rappelle que le défi est immense et que seule une mobilisation collective et déterminée permettra de le relever», a réagi Sandrine Le Feur, présidente de la commission du Développement Durable à l’Assemblée nationale, qui salue le «sérieux» et la «conviction» d’Antoine Pellion. Rappelant la nécessité de l’existence du secrétaire général à la Planification écologique, la députée macroniste plaide pour que l’instance prenne pleinement part aux politiques publiques du pays. Matignon affirme de son côté qu’il «n’envisage pas de revoir les missions et attributions du SGPE et n’envisage pas non plus une fusion avec d’autres structures».

De son côté, Antoine Pellion assure que c’est pour faire «évoluer» son engagement sur le terrain qu’il a décidé de rejoindre Idex, un opérateur qui accompagne collectivités et entreprises dans la décarbonation de leur énergie. Fin mars, il deviendra directeur général adjoint chargé du développement. Selon la Lettre de l’Expansion, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a donné son feu vert au mouvement «le 12 février».

Le groupe, qui a doublé de taille, prévoit d’investir près de 400 millions d’euros cette année, précise encore le média économique.

Mise à jour : à 18h35, avec les propos tenus par Antoine Pellion auprès de Libération.