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Polémique

Darmanin saisit la justice contre la députée LFI Obono pour «apologie du terrorisme» après des propos sur le Hamas

Le ministre de l’Intérieur annonce saisir le procureur de la République après un passage de Danièle Obono sur Sud Radio. La députée LFI de Paris y a défini le Hamas comme «un groupe politique islamiste qui a une branche armée et qui s’inscrit dans les formations politiques palestiniennes».
Gérald Darmanin le 9 octobre 2023. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 17 octobre 2023 à 11h45
(mis à jour le 17 octobre 2023 à 16h02)

Une nouvelle pièce dans la machine. Un peu plus d’une semaine après l’attaque perpétrée en Israël par le Hamas, certains élus refusent toujours de qualifier le mouvement de terroriste. Danièle Obono, qui avait rédigé le premier jet du communiqué ô combien controversé de LFI revenant sur les événements du 7 octobre, est de ceux-là. Sur Sud Radio ce mardi, la députée de Paris décrit le Hamas comme «un groupe politique islamiste qui a une branche armée et qui s’inscrit dans les formations politiques palestiniennes». Mais ce n’est pas tout. Interrogée sept fois de suite à ce sujet par Jean-Jacques Bourdin, qui lui demande si le Hamas est «un mouvement de résistance», Obono finit par déclarer : «Oui, [il] se définit comme tel et est reconnu comme tel par les instances internationales», et qui «résiste à une occupation». Si, de fait, le nom Hamas est un acronyme de «Harakat al-muqâwama al-islâmiya», que l’on peut traduire par «Mouvement de résistance islamique», il est difficile de lui accorder ce titre. L’UE qualifie le Hamas d’organisation terroriste, ce que ne fait pas l’ONU, sans pour autant lui accorder le titre de mouvement de résistance.

Un passage radio qui n’a pas échappé à Gérald Darmanin – même si les propos prêtés à Obono dans le tweet de Sud Radio ne correspondent pas à ce qui a été prononcé par la députée. Sur X (anciennement Twitter), le ministre de l’Intérieur annonce «saisi [r] le procureur de la République pour apologie du terrorisme». Lors de la séance de questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale, Elisabeth Borne en a remis une couche. Après une question de la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, qui l’appelait, dans son hommage à Dominique Bernard, à «prendre […] toutes les mesures pour protéger les personnels et les élèves», la Première ministre a préféré répondre sur les propos de LFI après l’attaque du Hamas en Israël et ceux d’Obono dans la matinée : «Certains parmi vous ont même osé qualifier de mouvement de résistance […] Pour vous ce ne sont pas des actes terroristes, pour moi vous vous excluez du champ républicain.»

Les mots d’Obono ont aussi fait réagir à gauche. «Bon maintenant ça suffit. Ce qu’il s’est passé le samedi 7 octobre en Israël n’avait rien à voir avec de la «résistance». Cela n’a pas aidé les Gazaouis, bien au contraire – chaque image reçue ces derniers jours le montre. Et ce genre de propos scandaleux non plus», a commenté sur X la boss des Ecologistes, Marine Tondelier. Dans la foulée, Obono a voulu préciser ses mots, dénonçant des «manipulations».

«J’ai dit que le Hamas était un groupe politique islamiste qui déclare inscrire son action dans la résistance à l’occupation de la Palestine. C’est un fait. Ni une excuse, ni un soutien, ni une caution pour ses crimes de guerres contre les civils israéliens que nous sommes les premiers et premières, à LFI, à avoir dénoncés comme tels», a-t-elle écrit sur X.

Mise à jour à 16 heures : Ajout des propos d’Elisabeth Borne à l’Assemblée.