Jean-Luc Mélenchon qui rétropédale (même un peu) c’est rare. C’est dire la polémique dans laquelle s’est fourré le leader de la France insoumise. En expliquant, jeudi sur BFM TV que le potentiel candidat, condamné pour incitation à la haine raciale Eric Zemmour n’est, selon lui, pas antisémite car «Il reproduit beaucoup de scénarios culturels [du judaïsme]» que sont «on ne change rien à la tradition, on ne bouge pas, oh mon dieu la créolisation quelle horreur…» - des «traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme» selon lui - le député des Bouches-du-Rhône s’est attiré les foudres d’une grande partie de la classe politique. Sur les réseaux sociaux, la sortie de Mélenchon qui semble expliquer que le conservatisme serait inhérent à la religion juive passe mal. Beaucoup ont accusé l’ancien ministre de Jospin d’antisémitisme.
Au premier rang desquels les macronistes qui n’ont pas tardé à pilonner un Mélenchon qu’ils accusent régulièrement de ne plus être en phase avec la République. «La nausée, a rapidement réagi la députée des Yvelines Aurore Bergé. Combattre un adversaire de la République en usant des pires clichés antisémites. Mais qui peut être sincèrement surpris par Jean-Luc Mélenchon qui a depuis longtemps déserté la République et l’universalisme ? C’est un naufrage». Pour le patron des députés macronistes Christophe Castaner, Mélenchon «avec ces propos aux références les plus abjectes, a franchi les dernières limites». Et de poursuivre : «Rien, jamais, ne justifie de sombrer dans l’antisémitisme». Côté extrême droite, le député européen Gilbert Collard estime, quant à lui, «que le pire du pire [venait] d’être dit».
J’ai longtemps vu en @JLMelenchon celui qu’il a été : Républicain, défenseur de nos valeurs communes.
— Christophe Castaner (@CCastaner) October 29, 2021
Mais avec ces propos aux références les plus abjectes, il a franchi les dernières limites.
Rien, jamais, ne justifie de sombrer dans l’antisémitisme.pic.twitter.com/UoT5rLlCmt
A gauche aussi certains n’ont pas manqué de réagir. Et notamment Fabien Roussel le patron des communistes dont le parti s’était rangé derrière Mélenchon lors des deux dernières présidentielles de 2012 et 2017 : «Stop à la banalisation des Zemmour et consorts qui défendent des thèses racistes et antisémites, qui réhabilitent Pétain, Papon, qui portent un projet de société qui exclut en fonction de ses origines, de sa religion, de son sexe !» a développé le député du Nord sur Twitter, sans cibler néanmoins nommément le patron de LFI.
Pour tenter d’éteindre l’incendie, les proches de Jean-Luc Mélenchon ont inondé les réseaux sociaux de vidéos prouvant que leur leader n’est pas antisémite : Mélenchon qui s’en explique en face-à-face avec Hanouna en février dernier, Mélenchon à l’Assemblée qui prononce un discours universaliste ou Mélenchon en train de manifester en hommage à une femme juive tuée «par des barbares». Des messages tous ponctués du même hashtag : #MelenchonBashing. Pour LFI, cette polémique n’est rien d’autre qu’un prétexte pour attaquer le candidat à la présidentielle. «Ras-le-bol que pour des motifs politiciens, le #MelenchonBashing soit permanent sur ce thème» est monté au créneau le responsable numérique du parti Antoine Léaument.
Encore ! Antisémitisme et zemmourisme : la nausée.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 29, 2021
➡️https://t.co/1TWAuACMgD pic.twitter.com/JmLWrcgaJJ
Jean-Luc Mélenchon ne dit d’ailleurs pas autre chose. Dans un long message diffusé sur les réseaux sociaux titré «ENCORE ! ANTISÉMITISME ET ZEMMOURISME : LA NAUSÉE» le député des Bouches-du-Rhône dénonce une nouvelle cabale contre lui. «Encore et encore. À chaque occasion l’accusation d’antisémitisme revient comme une accusation contre moi par les mêmes haineux» s’énerve-t-il. «On m’attribue que j’aurais situé l’origine des idées d’extrême droite de Zemmour dans le judaïsme. C’est une stupidité !» embraye-t-il ensuite. Sans toutefois s’excuser pour ses propos, Mélenchon reconnaît s’être «mal exprimé puisqu’[il] a donné prise à des interprétations qui sont au contraire de ce qu’[il] pense.». Un semblant de mea culpa rarissime pour le chef des insoumis.