Cela fait partie des premières mesures lancées en réaction à l’attentat d’Arras. Le gouvernement veut accélérer l’expulsion de 193 étrangers radicalisés en situation irrégulière, a annoncé ce lundi 16 octobre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, au sortir d’une réunion de sécurité organisée à l’Elysée. Sur ces 193 inscrits au fichier des personnes radicalisées (FSPRT), 85 «ne sont sans doute plus sur le territoire», a précisé l’entourage du ministre, ajoutant qu’il avait été demandé une «vérification au cas par cas» sur ces personnes. Il a aussi été demandé aux préfets un «nouvel examen approfondi» des 2 852 inscrits au FSPRT en situation régulière, a précisé l’entourage du ministre.
Au total, 20 120 personnes sont inscrites dans ce fichier, dont 4 263 étrangers au total en situation régulière ou irrégulière, a-t-on précisé de même source. Depuis 2015, 922 personnes inscrites au FSPRT ont été expulsées, selon le gouvernement.
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Dans la matinée, Emmanuel Macron avait demandé que les préfets passent au peigne fin le fichier des personnes radicalisées susceptibles d’être expulsées de France, après l’attentat d’Arras qui a tué vendredi l’enseignant Dominique Bernard. La démarche vise à s’assurer qu’il n’y ait pas eu «d’oubli» dans l’examen des procédures. En outre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a aussi été invité à étudier une «approche spécialisée pour les jeunes hommes originaires du Caucase sur la tranche 16-25 ans», a-t-il ajouté.
Plus largement, le chef de l’Etat souhaite que ses ministres «incarnent un Etat impitoyable envers tous ceux qui portent la haine et des idéologies terroristes», a dit un conseiller à des journalistes.
«Revérifier qu’il n’y a aucun oubli»
Né en Russie et originaire de la république fédérale d’Ingouchie, Mohammed Mogouchkov, l’assaillant d’Arras, était fiché S (pour «sûreté de l’Etat») et suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Son père a été expulsé en 2018 pour radicalisation et son frère aîné est incarcéré pour sa participation à un projet d’attentat visant l’Elysée. En 2014, la famille de l’assaillant avait été visée par une procédure d’expulsion, finalement annulée.
Dans sa circulaire, le ministre de l’Intérieur ordonne à tous les préfets du pays de réunir sous 48 heures les groupes départementaux d’évaluation de la radicalisation créés en 2014 pour «réexaminer dans le détail» tous «les cas individuels», «notamment dès lors qu’il s’agit d’étrangers en situation irrégulière», a expliqué l’Elysée. Il s’agit de «s’assurer que toutes les personnes radicalisées qui sont expulsables l’ont bien été ou d’accélérer les procédures», et de «revérifier qu’il n’y a aucun oubli et qu’on est bien allés au maximum de la procédure».
L’idée est notamment de voir s’il est possible d’obtenir un laisser-passer consulaire dans les cas où cela n’a pas été possible jusqu’ici, notamment s’agissant de la Russie où le dialogue en la matière, et donc les expulsions, sont de facto à l’arrêt depuis la guerre en Ukraine.
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Concernant la consigne à Darmanin sur les jeunes hommes originaires du Caucase, l’Elysée part du constat que dans le cas de Samuel Paty, assassiné il y a trois ans, et de Dominique Bernard, tué vendredi, tous deux enseignants, l’assaillant était à chaque fois de cette région.
«On sait qu’il y a un rapport à la violence qui est particulier», «des formes de radicalisation qui sont très fortes», «une culture très radicale de la pratique de l’islam», a fait valoir le conseiller de l’Elysée.
Le président a donc demandé un «suivi spécifique», pour réfléchir à des «mécanismes de dépistage ou d’accompagnement de ces jeunes», et «travailler sur le décrochage de la radicalisation» et la «prévention», selon son entourage qui rejette toute idée de «discrimination».
Mise à jour : à 14 h 29, avec l’ajout des déclarations de Gérald Darmanin et de son entourage.