Face à la Bérézina de la loi immigration, une démission et demie de ministre et un second quinquennat qui ne décolle toujours pas, le centriste François Bayrou, fidèle allié d’Emmanuel Macron, plaide ce dimanche 24 décembre pour un chambardement au sein du gouvernement.
«Avec cette loi sur l’immigration s’achève une période de 18 mois qui a été très difficile. Les suites du Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation, la loi sur les retraites, l’immigration, les tensions dans le pays, dans le gouvernement parfois, c’était dur et il a fallu résister», résume le président du MoDem dans un entretien au bolloréen Journal du dimanche.
Analyse
«Une nouvelle page s’ouvre. Il faut un élan nouveau, un renouvellement. Mais avec quelles personnalités, quelle architecture gouvernementale semblable ou différente, la même ou plus resserrée, comme je le souhaite ? C’est au président de le décider», ajoute François Bayrou dans le JDD.
Sans se prononcer sur l’avenir de la Première ministre Elisabeth Borne, ni avancer de noms susceptibles de muscler la «jambe gauche» atrophiée du gouvernement, le leader centriste milite surtout contre un rapprochement avec Les Républicains. «La Ve République, ce ne sont pas des accords d’appareil, avec des partis qui tirent à hue ou à dia. C’est un projet, porté par une personnalité élue au suffrage universel, autour de laquelle on forme une équipe», juge-t-il.
«Cette équipe doit garder sa cohérence et son centre de gravité. Dès lors, les personnalités différentes, riches d’expérience sont les bienvenues», suggère-t-il.
Rumeur de remaniement en janvier
Le basculement du centre de gravité de l’exécutif semble toutefois avoir été acté ces derniers jours, avec le vote d’une loi immigration très largement droitisée, et louée comme une «victoire idéologique» par l’extrême droite.
Les rumeurs d’un remaniement en janvier ne cessent de prendre de l’ampleur, avec la démission du ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, pour dénoncer la loi immigration. D’autant que sa remplaçante intérimaire, Agnès Firmin Le Bodo, est ciblée par une enquête pour des cadeaux qu’elle aurait acceptés de la part de l’industrie pharmaceutique.
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En outre, la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a elle aussi posé sa démission (refusée, celle-là), tandis que la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, semble fragilisée pour avoir pris position contre la loi immigration et en faveur d’une procédure disciplinaire par la grande chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de Gérard Depardieu. Elle a été rabrouée publiquement par Emmanuel Macron, qui a estimé qu’elle s’était «un peu trop» avancée, et a dénoncé la «chasse à l’homme» qui viserait l’acteur visé par plusieurs plaintes pour agressions sexuelles et viols, et mis en examen pour viol.