Menu
Libération
Le billet de Sabrina Champenois

Après le score de l’extrême droite, une gueule de bois qui risque de durer longtemps

Article réservé aux abonnés
La France républicaine s’est réveillée tuméfiée ce 10 juin avec la certitude que nous tous côtoyons un nombre croissant et massif de gens qui ont voté pour le RN dimanche. Et qui pourraient récidiver le 30 juin, le 7 juillet, et encore ensuite.
Rassemblement de militants de gauche à Paris sur la place de la République, le 9 juin après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 10 juin 2024 à 14h39

La phrase qu’on a le plus entendue, ce matin : «J’ai la gueule de bois sans avoir bu une goutte d’alcool.» Mais aussi : «J’ai pas fermé l’œil», «Je me suis réveillée hyper en colère», «Complètement down», «Envie de gerber», «Envie de chialer», «Envie de me barrer de ce pays», «Envie de rien», «Je flippe», «J’ai honte». La France républicaine s’est réveillée tuméfiée ce 10 juin, elle s’est prise avec les 37 % (RN et Reconquête) un coup XXXL sur la caboche, le moral est celui des jours saturniens, des lendemains de cuite mais aussi des échecs, des regrets, des diagnostics inquiétants, des deuils. La sensation est même physique : salive au goût de bile, tripes nouées, mal de crâne. Somatisation caractérisée, massive.

Un coup de pelleteuse

Alors, on a aussi noté une occurrence pour un bravache «C’est un coup de fouet, ça va réveiller tout le monde», une autre pour un vibrant «Ruffin président !» Il y a des métabolismes qui encaissent plus vite que d’autres, et des esprits qui tiennent au panache coûte que coûte. Mais tout de même, pas besoin d’être gastro-entérologue pour prévoir que la digestion, ce coup-là, va être particulièrement compliquée et longue.

Ces 37 % obligent à accepter