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Esquive

Après s’être dérobé deux fois à la commission d’enquête, Pierre-Edouard Stérin demande à être auditionné en «visio»

Le milliardaire financier de l’extrême droite a exigé, après avoir annulé deux fois sa venue à l’Assemblée nationale, une audition «par visioconférence» mardi 20 mai face à la commission sur l’organisation des élections en France.
Le 14 mai 2025, Pierre-Edouard Stérin ne s'était pas rendu à son audition face à la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. (Corentin Fohlen/Libération)
par Ancelin Faure
publié le 19 mai 2025 à 20h05

Inlassablement, Pierre-Edouard Stérin abat la même carte, son joker : «visioconférence». Dans un communiqué de presse publié le 19 mai, le milliardaire catholique «réaffirme son entière disponibilité pour répondre aux questions des parlementaires» de la commission d’enquête concernant l’organisation des élections en France, mardi 20 mai. Cependant, l’initiateur du projet politique «Périclès» réclame à comparaître par visioconférence. Le dispositif avait pourtant déjà été refusé préalablement par le président de la commission, le député Ensemble pour la République de Gironde Thomas Cazenave.

Selon ce même communiqué, «à ce jour, aucune confirmation ni précision technique concernant l’organisation de cette audition à distance ne lui ont été transmises». Stérin assure pourtant avoir «pris l’initiative» dès le 16 mai de «réitérer sa pleine disponibilité en visioconférence» afin de «permettre aux services de l’Assemblée nationale de mobiliser les moyens techniques nécessaires dans les délais requis». Un volontarisme qui n’a d’égale que la détermination de Cazenave à obtenir son face-à-face avec Stérin. «Nous lui avons confirmé qu’il était attendu ce mardi 20 mai à 11 heures», nous assure de son côté le président de la commission.

Peu d’espoir en réalité d’espérer voir le milliardaire en personne au Palais-Bourbon. Par deux fois déjà, l’homme a séché sa convocation, à chaque fois en prévenant la veille. Pour ce proche de l’extrême droite, cette tactique confine à la tradition. Convoqué une première fois le 23 avril, Stérin annonce finalement son absence la veille. Cazenave propose alors le 6 mai. Stérin préfère le 14 mai et tous s’accordent sur cette date. Mais le 13 mai à 12 h 57, moins de 24 heures avant l’audition, le milliardaire envoie un nouveau mail. Pour «raisons de sécurité», il souhaite être entendu à distance. «Je suis cependant au regret de vous indiquer que votre souhait ne pourra pas être satisfait», répond Cazenave. Réaction de Stérin à 21 h 25 : il n’a pas «pris ses dispositions» pour se rendre à Paris. Nouveau rendez-vous convenu : mardi 20 mai.

Mais, c’était sans compter la détermination de l’entrepreneur identitaire. «Cette fois, il n’a plus invoqué les raisons de sécurité dans l’Assemblée nationale, mais aux abords, explique Thomas Cazenave. Je me suis donc rapproché du ministère de l’Intérieur, et celui-ci a pris l’engagement que M. Stérin puisse se rendre sans aucun risque à l’Assemblée nationale.» Rien n’y fait. Stérin réclame donc une visio. «Déterminé à coopérer pleinement avec les institutions de la République», il estime dans un communiqué que sa «solution» témoigne «à la fois de sa bonne foi et de sa volonté de permettre aux parlementaires de mener leurs travaux». Le député, lui, escompte, ou feint d’escompter une audition en présentiel. «J’espère qu’il viendra se présenter à l’Assemblée. Il connaît les conséquences d’une non-présentation.» Deux ans d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.