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Handicap

Assemblée nationale : le député en fauteuil Peytavie empêché de voter lui-même, révélateur d’un hémicycle toujours peu inclusif

L’élu écologiste a dû donner son bulletin à un huissier, faute d’avoir pu atteindre l’urne. Exemple parmi d’autres révélateur du manque d’accessibilité du Palais Bourbon, comme beaucoup d’autres bâtiments publics en France.
Le député Sébastien Peytavie. (Xose Bouzas /Hans Lucas / AFP)
publié le 18 juillet 2024 à 19h32

On pourrait voir dans les bancs et les boiseries de l’Assemblée nationale un charme d’antan et le symbole d’une illustre institution. Sauf que ce vieux bâtiment, héritage du XVIIIe siècle n’est toujours pas adapté aux personnes porteuses de handicap. Le député Sébastien Peytavie en a fait les frais, ce jeudi 18 juillet, alors que les parlementaires tout juste nommés élisent la présidence de l’Assemblée : parce qu’il est en fauteuil, il n’a pas pu lui-même rejoindre la tribune pour déposer son bulletin dans l’urne.

«J’ai dû confier mon vote à un huissier», déplore l’écologiste sur X. Un exemple récent parmi les obstacles que l’élu a déjà essuyé depuis son arrivée en fauteuil à l’Assemblée, en janvier 2023. Il était devenu le premier député de la Ve République en fauteuil roulant à siéger sous la coupole de l’hémicycle. Des aménagements avaient dû être entrepris, dans un bâtiment fait de passages étriqués, ascenseurs étroits et bureaux inadaptés : des rampes ont été ajoutées, un accès PMR aux sanitaires crée, le passage vers la commission des Finances facilité. Mais il ne lui était quand même pas possible de grimper dans les rangs de l’Assemblée, aux côtés de ses collègues. Ce qui signifie rester en bas, vers les ministres.

«Une institution encore incapable d’adapter le vote pour les personnes handicapées. La maison du peuple, vous dites ?», poursuit Peytavie dans son post - on entend presque un soupir exaspéré. Une loi votée en 2005 devait pourtant rendre l’enceinte accessible à tous. Force est de constater qu’elle n’est pas appliquée. Pour le troisième tour de vote, le député a réclamé avec succès que l’urne soit descendue, suscitant des applaudissements de tous les camps. Reste l’inadaptation des lieux.

L’inégalité que subit le député interroge même au-delà du Palais Bourbon. Car si un élu de la Nation ne peut pas exercer son droit le plus strict car l’édifice où il siège depuis un an et demi n’a toujours pas été adapté pour son fauteuil, qu’en est-il de l’accessibilité des lieux publics, des transports en commun, pour les millions de personnes porteuses de handicap en France ? Selon la loi de 2005, chaque établissement recevant du public doit être accessible pour tous et toutes. Objectif et échéances encore et encore repoussés. Résultat : selon les données du gouvernement, en septembre 2022, la moitié de ces lieux l’étaient réellement ou du moins «entrés dans une démarche d’accessibilité».