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Libération
Polémique politique

Attaque du Hamas en Israël : Elisabeth Borne fustige la réaction de LFI, Mélenchon juge qu’elle se «déshonore»

La Première ministre a estimé que le parti de gauche faisait montre d’ambiguïté et de complaisance vis-à-vis des attaques du Hamas contre Israël. Des attaques politiciennes, répondent Mélenchon et ses soutiens.
La Première ministre, Elisabeth Borne, au campus du parti Renaissance, à Bordeaux le 8 octobre 2023. (Christophe Archambault /AFP)
publié le 8 octobre 2023 à 14h41

A peine déclenché, aussitôt exploité : l’état de guerre en Israël a donné lieu, ce week-end, à d’âcres échanges entre responsables politiques français. La France insoumise (LFI) s’est vu reprocher ce dimanche 8 octobre par Elisabeth Borne une «ambiguïté révoltante» et même de la «complaisance» vis-à-vis des attaques menées par le Hamas. «Jean-Luc Mélenchon est comme à son habitude dans l’ambiguïté vis-à-vis d’Israël», a tancé sur BFM TV la Première ministre, selon qui «les positions de LFI sont bien connues, […] avec de l’antisionisme» susceptible de masquer «une forme d’antisémitisme».

Ces lourdes accusations visaient le message publié la veille sur Twitter (récemment renommé X) par l’ex-candidat insoumis à la présidentielle. Il y déplore «la violence déchaînée contre Israël et à Gaza» et adresse sa «compassion [à] toutes les populations désemparées». Réclamant un cessez-le-feu, il estime encore que «la solution existe, celle des deux Etats, conformément aux résolutions de l’ONU». Ce commentaire du leader insoumis tranche avec les réactions des autres grands partis, où le blâme était plus clairement et exclusivement adressé au mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza. Les réactions d’autres figures de LFI ont nourri ce procès, comme celle du député Louis Boyard, qui a reproché à la France de «ferme[r] les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine.»

Désaccords au sein de la Nupes

Les critiques sont aussi venues de partis de gauche alliés de LFI au sein de la Nupes. «Que certains à gauche parlent du Hamas comme “des forces armées palestiniennes” me dégoûte», a posté sur Twitter la députée socialiste Valérie Rabault – alors qu’un communiqué des députés LFI, aligné par ailleurs sur la réaction de Jean-Luc Mélenchon, évoque une «offensive armée de forces palestiniennes». Sur la radio RCJ, le député socialiste Jérôme Guedj a fait savoir que «la question se pose» pour lui de quitter la Nupes en raison des réactions de LFI.

L’engagement pro-palestinien d’une large partie de la gauche radicale, et d’anciennes déclarations controversées de Jean-Luc Mélenchon, lui valent des accusations régulières d’antisionisme, voire d’antisémitisme, ce dont il se défend vivement. Pour le camp présidentiel, la polémique est aussi une occasion de persévérer dans la diabolisation à outrance de LFI et de son ex-candidat – quitte à se voir reprocher de négliger ou de favoriser la montée de l’extrême droite.

«Confusion»

«Mme Borne profite de la guerre au Moyen-Orient pour mener sa guerre contre LFI, a réagi Mélenchon dimanche sur Twitter. J’ai exprimé la position constante de notre pays depuis De Gaulle. […] Ci-joint mon tweet d’hier. Où est l’expression “déplacée” dans mes mots ? L’approbation du massacre en cours déshonore Mme Borne.»

Tout en condamnant clairement les attaques du Hamas, le patron du Parti communiste français, Fabien Roussel, et la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, ont soutenu Mélenchon face à la Première ministre. «De quel droit [donne-t-elle] des points en tant que Première ministre ?» a réagi le premier sur France 3, ajoutant qu’antisionisme et antisémitisme, «c’est pas la même chose, et donc elle crée là encore une confusion». Sur France Inter, Sophie Binet a jugé, elle, qu’«au lieu de générer des polémiques assez décalées avec la gravité du moment, la Première ministre devrait mettre toute son énergie à demander que l’ONU demande un cessez-le-feu immédiat».