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Libération
Extrême droite

Atteinte aux intérêts de la nation et provocation à la haine raciale : l’antisémite Alain Soral condamné à un an de prison ferme

L’idéologue d’extrême droite Alain Soral a été reconnu coupable ce jeudi 11 septembre de provocation à la haine raciale et incitation à la violence armée. Dans des vidéos de 2020, l’influenceur appelait ses fidèles à prendre le pouvoir par les armes et désignait des personnalités juives comme ennemis.

Au procès en appel d'Alain Soral, le 27 septembre 2023. (Fabrice Coffrini/AFP)
ParMaxime Macé
Journaliste politique
Pierre Plottu
Journaliste politique
Publié le 11/09/2025 à 15h11

C’est dans son exil suisse, où il se cache de la justice française depuis 2019, qu’Alain Soral a appris qu’une nouvelle condamnation allait s’ajouter à son très lourd CV judiciaire. L’influenceur antisémite a été condamné ce jeudi 11 septembre à une peine d’un an de prison ferme sans aménagement et 4 000 euros d’amende pour «provocation à la haine raciale» et le rare chef d’accusation de «provocation publique non suivie d’effet à commettre l’un des crimes et délits portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation». Lors de l’audience, qui s’était déroulée en l’absence du prévenu en juin, la procureure avait requis une peine similaire.

Les faits remontent au printemps 2020, lors de la crise du Covid, et portaient sur des propos tenus par Alain Soral dans des vidéos diffusées sur Internet. En plus de ses habituelles diatribes antisémites, l’homme avait appelé ses ouailles à s’équiper. «Ce qu’il faut, c’est s’armer, […] on fait la révolution en prenant le pouvoir par les armes. Un M16 [fusil d’assaut américain, ndlr], c’est plus efficace pour exiger ses droits démocratiques qu’un gilet jaune.» Il évoquait même une «guerre», un «combat terminal» contre cet «ennemi» qu’il faut «avoir le courage de nommer».

Lequel ? Il avait donné des noms : «Levy, Buzyn, Hirsch, Guedj, Deray, Jacob, Salomon», soignants et politiques toutes et tous «en charge de la médecine d’Etat» et incidemment juifs de confession ou d’origine. «C’est la liste de Schindler», composée à ses yeux de «parasites pervers, prédateurs et satanistes», s’amusait-il. Lors de l’audience de juin, l’avocate de la Licra Ilana Soskin avait souligné, extraits à l’appui, que le prévenu «n’invente pas grand-chose : on retrouve littéralement cette description des Juifs dans Mein Kampf, le livre d’Adolf Hitler».

«La peine prononcée est un signal fort»

L’enquête menée contre Alain Soral avait débuté en juin 2020 et abouti à son interpellation en juillet de la même année, révélait Libération. Cueilli au pied de son cossu appartement parisien du boulevard Saint-Germain par les forces de l’ordre, l’idéologue avait été placé en garde à vue et son logement perquisitionné. Là, les enquêteurs avaient mis au jour, selon le dossier d’accusation consulté par Libé, la bibliothèque du parfait nazi, entre exemplaire de Mein Kampf et autres ouvrages antisémites.

Mais aussi ses carnets de notes personnels témoignant de l’obsession antijuifs de l’intéressé. Libé avait dévoilé que l’homme y compulsait soigneusement ses pensées les plus haineuses. On y lisait par exemple : «Antisémite : un antisémite est un homme qui refuse de se soumettre à la domination juive. C’est-à-dire un homme. Celui qui s’y soumet est un esclave.» Ou «Juif : se plaindre de l’antisémitisme.» Délires qu’il a poursuivis lors de ses différentes auditions par les services de police.

Soulignant que «la peine prononcée est un signal fort contre l’impunité dont Soral croit pouvoir bénéficier», maître Ilana Soskin rappelle que le sexagénaire «n’a même pas le courage de venir assister à ses procès». «Reste qu’il devra répondre de ses diatribes antisémites et de la haine qu’il propage depuis trop d’années.»