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Libération
Réactions

Attentat à Paris : droite et extrême droite réclament la détention préventive des fichés S

Au lendemain de l’attaque islamiste qui a fait un mort et deux blessés à Paris, plusieurs élus Les Républicains et Rassemblement national ont réagi en demandant une nouvelle fois la détention préventive des personnes faisant l’objet d’une fiche S.
A Paris sur le pont Bir-Hakeim où a eu lieu l'attentat, samedi soir. (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 3 décembre 2023 à 12h24
(mis à jour le 3 décembre 2023 à 15h04)

Plusieurs figures politiques ont réagi au meurtre d’un touriste germano-philippin samedi 3 décembre à Paris par un islamiste radical, armé d’un couteau et d’un marteau. Sur Twitter (renommé X), Emmanuel Macron a adressé ses condoléances à la famille du défunt et ses pensées aux deux personnes blessées. «Mes plus sincères remerciements aux forces de secours qui ont permis d’interpeller un suspect avec célérité. Le Parquet national antiterroriste désormais saisi aura la charge de faire toute la lumière sur cette affaire pour que justice soit rendue au nom du peuple Français», ajoute le chef de l’Etat.

«Faisons leur face en restant unis»

Le député La France insoumise Eric Coquerel s’est déclaré «horrifié» par l’attaque. «Les auteurs de ces actes terroristes islamistes isolés veulent semer la haine, la peur, la division. Refusons-le : faisons leur face en restant unis», a souhaité le président de la commission des finances de l’Assemblée. Toujours chez LFI, le député François Ruffin s’est étonné : «Fiché S, cas psychiatrique, déjà emprisonné 4 ans pour préparation d’un attentat, sous contrôle judiciaire et administratif, en lien avéré avec la mouvance djihadiste en France, revenu dans les viseurs du renseignement depuis plus d’un an [...] Le ministère de l’Intérieur doit s’exprimer : comment expliquer ces trous répétés dans notre filet de sécurité ?»

Sur France Info, la secrétaire nationale des Ecologistes (ex-Europe Ecologie-les Verts) Marine Tondelier a justifié sa réticence à commenter les faits, condamnant les «indignations sélectives» des «responsables politiques qui se ruent sur un plateau télé alors qu’ils ne savent rien». Elle a cependant jugé que, «quand on voit le nombre de fichés S en raison d’une action écolo devant une banque ou sur un tarmac d’aéroport, [...] il y a une vraie dispersion des forces des services de renseignement».

A droite et à l’extrême droite, les réactions ont pris des accents plus politiques. «L’assaillant qui a causé la mort d’un touriste et qui a fait deux blessés à Paris est un individu radicalisé, fiché S et déjà condamné pour des faits liés au terrorisme. Une nouvelle fois, cet islamiste était connu !» s’est élevé le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti. Le président LR d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s’est dit en «colère devant ce règne de l’impuissance face au terrorisme islamiste». Pour lui, «rien ne peut justifier qu’un tel individu puisse vivre librement sur notre sol. Notre droit doit enfin permettre de maintenir en rétention ceux qui nous menacent et de les expulser systématiquement quand ils sont étrangers».

«Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d’une procédure pénale»

Même tonalité chez le président du Rassemblement national, Jordan Bardella : «Les Français [vont se demander] comment un homme fiché, déjà condamné pour avoir planifié un attentat, cas psychiatrique notoire, dans le contexte actuel, ait pu se promener librement et armé un samedi soir dans les rues de Paris.»

La détention préventive des personnes fichées S pour radicalisation islamiste est une revendication déjà ancienne de la droite et de l’extrême droite, à laquelle ses critiques opposent des raisons de droit et de principes. Outil de surveillance pour les services de renseignement, la fiche S peut viser des individus n’ayant pas commis de crimes ou de délits. «Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d’une procédure pénale, c’est le socle de l’Etat de droit, avait commenté en 2016 François Molins, alors procureur de la République de Paris. On ne peut pas détenir quelqu’un avant qu’il ait commis une infraction.»