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Travailleurs, travailleuses

Au meeting de Lutte ouvrière: «On vient ici pour se donner de la force, à l’extérieur la vie est tellement dure»

Election Présidentielle 2022dossier
En réunissant plus de 3 500 personnes au Zénith de Paris dimanche, la candidate Lutte ouvrière a réussi son pari. Dans un discours offensif dirigé avant tout contre la droite et l’extrême droite, elle a appelé les électeurs à «ne pas rester seuls» avec leur colère.
«Le capitalisme et la guerre sont indissociables», a lancé Nathalie Arthaud à ses partisans réunis au Zénith de Paris. (Corentin Fohlen/Libération)
publié le 3 avril 2022 à 18h50

Le pari était audacieux. Pour son dernier meeting de sa troisième campagne présidentielle, Nathalie Arthaud a donné rendez-vous à ses soutiens au Zénith de Paris. La salle, taillée sur mesure mais plus habituée à accueillir des concerts, s’est remplie de 3 500 personnes dimanche. Le plus grand rassemblement de la candidate de Lutte ouvrière dans cette édition 2022. Pour que le tour de force soit réussi, des bus avaient été affrétés au départ de plusieurs villes de France et même de Belgique. Lutte ouvrière n’a pas lésiné sur les moyens, déboursant pas moins de 250 000 euros pour l’organisation de ce meeting. Soit le tiers du budget total de la campagne. Il fallait au moins ça pour «redonner du courage» aux gens. C’est Marie-Laure, 67 ans, qui l’explique le mieux : «On vient ici pour se donner de la force. A l’extérieur, la vie est tellement dure. Allumez votre télé et vous verrez.» Institutrice à la retraite, elle égrène les sujets qui «angoissent beaucoup de gens» : la guerre en Ukraine, la hausse des prix, la montée de l’extrême droite… La mission de Nathalie Arthaud : convertir ces colères en espoir.

«Ne bridez pas vos révoltes, engagez-vous», lance Laguiller

L’enseignante en économie-gestion est accueillie sur scène aux sons de l’Internationale. Forcément, elle a le sourire. Elle parle un peu de l’invasion russe en Ukraine et assure que «chez nous aussi», «la menace se rapproche». Pour une raison simple : «Le capitalisme et la guerre sont indissociables.» Elle s’en prend à Emmanuel Macron, qui «ne promet que du sang et des larmes», et à Eric Zemmour et Marine Le Pen, qu’elle rebaptise «les frères Bogdanoff de la politique». Pour Arthaud, «la question n’est pas de savoir quel président sortira du chapeau». Ce qu’il faut, selon elle, c’est une mobilisation des «travailleurs».

La salle est pleine de chevelures argentées. Pas une surprise : le parti d’extrême-gauche est vieillissant. Alors pour convaincre les jeunes, les meilleurs efforts sont déployés. «Je m’adresse aux plus jeunes», lance Arlette Laguiller, 82 ans, dans une courte vidéo enregistrée : «Ne bridez pas vos révoltes, engagez-vous pour changer ce monde !» Elle poursuit, avec la même énergie : «Nos idées seraient dépassées, la lutte des classes serait à conjuguer au passé, le capitalisme ne serait pas si mal. Je dis non.» A la sortie du meeting, on croise Esteban et Emeline. Ils ont 19 ans tous les deux et se tiennent par la main. Ils ont été «plutôt» convaincus par le discours mais ils reconnaissent que «les gens ne sont pas prêts à faire la révolution». Jean-Pierre, ouvrier dans l’automobile et militant LO, a la réponse : «Le combat a lieu chaque jour, partout, tout le temps. Regardez cette petite flamme qu’on allume. Un jour, elle mettra le feu à la plaine et elle embrasera le monde entier.»