Menu
Libération
Symboles

Au Panthéon au côté de Von der Leyen, Macron lorgne le leadership européen

La présidence française de l'Union européenne 2022dossier
Pour marquer la première semaine de la présidence française du Conseil de l’UE, le chef de l’Etat a convié la présidente de la Commission européenne à une cérémonie d’hommage à Simone Veil et Jean Monnet, avant une conférence de presse conjointe.
Au Panthéon, ce vendredi. (Ludovic Marin/AFP)
par Blandine Lavignon, correspondante à Tbilissi
publié le 7 janvier 2022 à 19h37

Sur l’impressionnante façade du Panthéon, les portraits de Simone Veil et de Jean Monnet se détachent dans la lumière du petit matin. Deux figures incontournables de la construction européenne auxquels Emmanuel Macron a souhaité rendre hommage ce vendredi, en compagnie de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Un symbole de poids pour le Président, européiste convaincu, alors que la France a pris la tête du Conseil de l’UE le 1er janvier. Et dont l’humeur ne semble pas avoir été entachée par une longue attente sous la pluie avant l’arrivée de son hôte.

Avec le départ d’Angela Merkel, Emmanuel Macron lorgne le leadership européen. La présidence du Conseil de l’UE est donc une chance dont il compte bien se saisir. A grand renfort de gestes, il s’est donc appliqué à faire découvrir l’histoire européenne de la France à la présidente de la Commission, dans l’enceinte du Panthéon. Lors de la visite, ils se sont longuement attardés devant les caveaux où reposent les deux architectes de la construction de l’Union, avant d’y déposer une gerbe de fleurs, sur fond d’une musique de chœur et en présence des familles, de ministres, ainsi que de commissaires européens.

Le moment symbolique passé, retour aux affaires avec une conférence de presse très politique. Dans la salle des fêtes de l’Elysée, Emmanuel Macron, qui avait attendu le mandat avec impatience, et Ursula von der Leyen se sont exprimés sous le flamboyant logo de la présidence française − un «EU» tricolore et étoilé. «Je me réjouis qu’un pays avec un poids politique et une expérience comme la France assume la présidence, a déclaré Van der Leyen. La France à l’Europe à cœur.» Emmanuel Macron s’est dit «très heureux» de cette première semaine du mandat, en affirmant que la France était «à l’ouvrage». En reprenant les termes du programme de la présidence française énoncé le 9 décembre, il a rappelé les grands axes : accélérer la décarbonisation, réguler le marché numérique, renforcer la surveillance aux frontières. En résumé, «relance, puissance, appartenance».

La solennité de l’occasion n’a pas fait oublier la récente sortie de route médiatique du chef de l’Etat. Mais la polémique n’est jamais bien loin, comme une question est venue le lui rappeler. Aux pupitres, échange de sourires gênés. L’expression a choqué outre-Rhin. Mais Macron n’a pas rétropédalé : «Il était de ma responsabilité de tirer l’alarme. On peut s’émouvoir sur des formes d’expression qui paraissent familières mais moi je m’émeus de la situation dans laquelle nous sommes.» Et de rappeler que sa stratégie vaccinale est d’inspiration européenne.

Pendant la conférence de presse, ils ont parlé d’une même voix : le mandat de la France se conjuguera à l’ambition d’un «nouveau modèle de croissance européenne». Sur la table également, le chantier de l’Union de la défense, un projet cher à Macron, qui se plaît à envisager une «architecture de sécurité européenne». Plus nécessaire que jamais en cette période de crise dans différents coins du continent, des Balkans à l’Ukraine. «La situation géopolitique implique que l’UE prenne position», a-t-il martelé. À la question «que compte faire concrètement l’UE face à l’envoi des troupes russes au Kazakhstan (en insurrection depuis une semaine) ?» le Président a néanmoins préféré passer la parole à son hôte. Mais cette dernière n’avait, elle non plus, rien de concret à répondre au sujet des tractations avec la Russie ou d’une position européenne spécifique face à l’Otan.

En guise de conclusion, Emmanuel Macron a énuméré quelques-uns des prochains rendez-vous, plus de 400 dans les six mois à venir. Comme s’il avait oublié que lui ne portera le costume européen que quelques mois, avant que celui-ci ne soit remis en jeu lors de l’élection présidentielle, en avril.