Nouveau coup dur pour Anne Hidalgo, qui n’en demandait pas tant. Deux jours avant son déplacement prévu à Lille, la candidate socialiste à la présidentielle se voit lâchée par le premier secrétaire de la fédération du Nord, Benjamin Saint-Huile. Quasiment inconnu sur la scène politique nationale, le militant de 38 ans dirige la deuxième plus grosse fédération du pays, derrière celle de Paris. Il annonce ce vendredi qu’il ne soutiendra pas Hidalgo dans sa course à l’Elysée et qu’il quitte, en plus, le parti au poing et à la rose. «Je renonce au parti et à toutes les fonctions qui sont les miennes», a déclaré celui qui est aussi maire de Jeumont, une commune du Nord de 10 000 habitants.
Benjamin Saint-Huile regrette que la gauche «offre un spectacle désolant». «Elle semble se faire à l’idée que collectivement, on doive se contenter d’une candidature de témoignage», poursuit-il. Avant de lâcher : «Je crains qu’à force de surdité», cette élection ait pour le Parti socialiste un «caractère létal». Le numéro 1 de la fédé du Nord en veut à tous les candidats de gauche, «collectivement responsables» de la déroute qui s’annonce, et assure qu’il ne parrainera «personne». «Je ne rejoins aucun camp, aucune écurie. La réalité des candidats de gauche, c’est qu’ils oscillent entre 2 et 7 % et le vote Mélenchon n’a jamais été une option», balaye Benjamin Saint-Huile.
«Des réponses totalement en dehors des réalités»
La Primaire populaire trouve grâce à ses yeux. Remportée dimanche par Christian Taubira, l’initiative citoyenne montre selon lui «la volonté du peuple de gauche de nous voir rassemblés». Anne Hidalgo est arrivée cinquième de ce scrutin, auquel ont participé près de 400 000 électeurs. Loin derrière Taubira, Jadot, Mélenchon. Et même derrière Pierre Larrouturou. Le PS «réagit avec des réponses totalement en dehors des réalités», dit Saint-Huile.
Cette annonce surprise ajoute du plomb dans l’aile d’une candidate déjà fragilisée et assez peu audible sur le fond. Côté socialiste, on tente de calmer le mini-incendie. Ce départ n’aura «aucun effet» sur la campagne d’Anne Hidalgo, jure la maire de Lille, Martine Aubry. Les deux femmes seront ensemble dimanche à Lille, où elles devraient notamment assister à la rencontre entre le Losc et le PSG. Martine Aubry assure par ailleurs que Benjamin Saint-Huile n’avait jusque-là jamais fait état «de problèmes ou de divergences politiques». Patrick Kanner, sénateur socialiste du Nord, parle, lui, d’une «décision brutale et non concertée». Il dit la «regretter» et temporise la portée du claquage de porte : «C’est un événement politique important mais qui sera surmonté dans les 72 heures».