Son téléphone a beau sonner avec insistance, Patrick, 67 ans, blouson en cuir, chapeau de cow-boy sur la tête et santiags aux pieds, n’a pas l’intention de couper court à la discussion. Voilà cinq bonnes minutes que le retraité, sacs de courses remplis entre les mains, disserte devant le pas de la porte de son immeuble de Melun (Seine-et-Marne). Il parle de sa ville, de ses habitants, ou de sa politique municipale. Rapidement, on évoque forcément les élections. «Ah bah vous n’allez pas avoir de mal à trouver des abstentionnistes, personne ne vote ici, dans certains bureaux de vote, on a des pourcentages d’abstention qui feraient rougir certains dictateurs», explique-t-il. Ici, c’est le quartier de Montaigu, au nord de la préfecture de Seine-et-Marne.
Si Patrick glisse toujours un bulletin dans l’urne «pour le geste» et «pour remercier la France» de lui avoir accordé la nationalité, à lui, l’émigré portugais, il comprend tout à fait ceux qui ne votent pas. Il se fait même leur porte-parole. «C’est simple, je vais vous expliquer pourquoi», promet-il. Et développe : «Les gens voient très bien que le seul intérêt des politiques c’est de se faire élire, ils se foutent en réalité des gens. Regardez ici, le maire on le voit quand il a besoin