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Succession

Au Rassemblement national, Marine Le Pen acte «l’éventualité» d’une candidature Bardella en 2027

La députée du RN a demandé à son dauphin, à la tête du parti, de se «préparer» à cette hypothèse, qui semble cependant lui inspirer toujours aussi peu de plaisir.
Jordan Bardella à Narbonne, le 1er mai. (David Richard/Transit pour Libération)
publié le 25 juin 2025 à 14h20

Après le coup de griffe, le bonbon. Un mois après s’être déclarée, lors d’un déplacement en Nouvelle-Calédonie, «candidate à la présidentielle», et avoir douté que Jordan Bardella «connaisse très bien les problèmes» de l’archipel, Marine Le Pen envisage désormais «l’éventualité» que son dauphin, et pas elle, soit candidat à l’Elysée en 2027. «J’ai intégré l’hypothèse que je ne puisse pas me présenter. Jordan [Bardella] a intégré la possibilité qu’il doive reprendre le flambeau. Je lui ai moi-même demandé de réfléchir et de se préparer», expose la députée du Rassemblement national dans un entretien publié ce mercredi 25 juin par l’hebdomadaire Valeurs actuelles.

Cette «hypothèse» s’impose à la championne du RN depuis sa condamnation, en avril, dans l’affaire des assistants fictifs du parti : parmi les peines alors fixées, une inéligibilité de cinq ans immédiatement exécutoire. Le procès en appel, qui doit intervenir d’ici l’été 2026, pourrait lever cette peine, mais rien ne garantit que l’issue en soit plus favorable pour Marine Le Pen. Bien forcée d’envisager son remplacement, elle l’avait déjà évoqué, sans masquer leur peu de plaisir que lui inspire ce scénario : «Si je passais demain sous un camion, eh bien, [Bardella] serait très évidemment la personne qui aurait vocation à me remplacer», disait-elle en avril. Les propos tenus auprès de Valeurs actuelles donnent un tour réaliste à cette conjoncture.

Mais «d’ici là, je continue à me battre. Bien sûr que la situation n’est pas idéale. Mais que me suggérez-vous d’autre ? Que je me suicide avant d’être assassinée interroge la peut-être-pas-candidate, qui a concouru aux scrutins présidentiels de 2012, 2017 et 2022, accédant au second tour lors des deux derniers.

De son côté, entre la sortie d’une autobiographie, l’affirmation d’une ligne personnelle plus économiquement libérale, sa popularité non démentie parmi les sympathisants RN et au-delà, et ses propres déclarations sur une éventuelle candidature, Jordan Bardella a donné de nombreux indices de ses ambitions. Sans oser, à ce stade, bousculer trop franchement sa marraine politique – une expérience fatale à plusieurs numéros 2 de l’ex-Front national dans l’histoire du parti. Lors d’une récente visite du duo au salon aéronautique du Bourget, le quasi-trentenaire a docilement emboîté le pas de sa patronne, qui tenait le premier plan. Il a pourtant – maladresse ou croche-patte ? – récemment envisagé la tenue dans les prochains mois d’une présidentielle anticipée… dont Le Pen serait exclue de fait. L’ex-présidente du RN aurait aussi à perdre en cas de législatives anticipées, lors desquelles elle ne pourrait pas défendre son siège de députée du Pas-de-Calais.

Outre la peine d’inéligibilité, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Marine Le Pen à quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, reconnue coupable d’avoir mis en place un «système» de détournement de fonds publics pour payer des salariés du parti avec l’argent du Parlement européen entre 2004 et 2016, pour un montant de 4,4 millions d’euros.